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Conscience en expériences

9 octobre 2023

Analyse du témoignage d'Estelle Suite et fin

7 SENTIMENT DE JOIE PROFONDE, DE PLENITUDE. EXPERIENCE DE TENDRESSE, AMOUR.

7.1.1. Fin de pulsions suicidaires, remplacées par un sentiment d’union libérateur.

… Pour la première fois dans ces circonstances, alors que je n’étais même plus capable d’espérer un secours, tu étais là. Tu étais le rocher sur lequel j’ai repris appui et sans lutte épuisante pour émerger de la tempête, tu as chassé la pulsion de mort de ce champ de bataille autodestructeur, tu m’as insufflé à la place toute la force de ton amour.

« Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie aimée totalement, au plus profond de moi. C’était inouï, inattendu, un éblouissement ; je suis aimée à l’infini malgré mes faiblesses, mes tares, mon indignité. C’est à toi que ma vie appartient de toute éternité et je le découvre enfin. »

- C’était un moment très intense, j’imagine.

- Oui et depuis, je suis libérée et surtout j’ai pris conscience que JE NE SUIS PAS MES ÉTATS D’ÂME. Lorsque j’éprouve un sentiment, surtout s’il est négatif, je le vis comme quelque chose d’extérieur à moi-même venant m’envahir. Je parviens à rester consciente que s’il est venu, il va repartir, je le laisse glisser au lieu de l’examiner, de m’attarder à le comprendre.

« Après cette tourmente, le lien avec mon Bien-Aimé est devenu quasi permanent et me donne un profond sentiment d’union. C’est une expérience bouleversante, plus forte que tout sentiment humain provoqué par un humain. L’AMOUR TOTAL INFINI, ILLIMITÉ, LIBÉRATEUR prend toute la place en moi. Je comprends « AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX », comme aime et fais ce que le Bien-aimé veut.

 

7. 1. 2. CHANGEMENT DE PERSPECTIVE sur la mort, l’information, le sens de la vie.

… Je désire t'obéir, te servir un peu mieux chaque jour jusqu'à cet instant d'éternité où je te rejoindrai mon Bien-aimé dans l'accomplissement de notre union.

… j'aspire à cette fusion avec le Bien-Aimé qui me comble de délices. Si la mort est le passage pour le rejoindre, elle me sera douce, sans pour autant avoir envie d'en finir avec la vie. La séparation est parfois intolérable, pourtant je m'en réjouis. Chaque jour qui passe me rapproche de lui. Ma vie ne m'appartient plus, elle appartient au Bien-Aimé. 

… centrée sur ma propre réalité, je renonce à chercher une hypothétique vérité absolue dans l’aspect extérieur ou parfois virtuel des événements mondiaux. Tout en ne changeant rien à ma vie concrète, ils me confrontent à mon impuissance face aux difficultés du monde. Loin de me permettre d’agir pour y remédier un tant soit peu, ils pèsent sur mon quotidien comme une chape de plomb et diminuent mon efficacité dans ma propre sphère d’influence.

… Ayant vécu ces épisodes de l’intérieur, d’une façon beaucoup plus réelle que mes souvenirs personnels de vrais événements, je ne peux les contester, ils me semblent totalement cohérents dans leur enchaînement. Je me laisse guider, emplir par cette connaissance qui me mène là où il le faut. En dépit des apparences, je me sens soudain pleinement en accord avec ce que je suis devenue, là où je suis, et c’est une véritable grâce au goût de bonheur.

 

7. 1. 3. AMOUR

Les troubadours le savaient. Pour eux, la beauté de l’aimé(e) conduisait à la révélation du Joi, de la joie et entraînait l’amant sur le chemin d’une quête paradoxalement solitaire, loin de l’aimé(e). L’objet de cette quête n’était pas tant l’autre, l’être aimé à l’origine de ce cheminement, mais plutôt la connaissance de soi jusqu’à la possession de ce Joi ou joie éprouvée lorsqu’on est enfin soi-même face au Soi ou manifestation de la transcendance divine.

Pour moi, la rencontre avec l’aimé m’a aidée à sortir de mon petit moi enfermé dans les conventions et à partir vers cette autre dimension de l’être, née de l’union de l’homme et du divin. L’aimé tend le miroir où je peux contempler ma véritable image et contempler Dieu. Ce serait faire fausse route que d’aimer le miroir pour lui-même, je ne veux surtout pas m’attacher à une personne réelle. Cependant je prête attention à l’image du miroir de cet être qui a le pouvoir de me conduire vers le point focal divin.

Ma marge de manœuvre sur cette voie est étroite. Si je ne suis pas habitée par l’amour véritable pour l’ami, le frère de mon âme, rien ne pourra le remplacer et je n’aurais même plus accès à l’amour de Dieu. Ce que je suis, ce que je fais, ce que je deviens, ce que je réalise pour les autres dans cette société où je vis, c’est par cet amour.

…« J’apprenais grâce à mes guides à ne plus me reprocher ce que je suis, ce que je fais ou non, sachant que je ne peux évoluer ainsi. Seul un changement de perspective pouvait résoudre les contradictions de ma situation. Si je souffrais d’amour, c’est que je n’aimais pas encore assez. Le véritable amour libère de la souffrance en faisant entrer dans la communion des âmes.

 

7. 1. 4. Voie du cœur

… inspiré par Le Petit Prince de Saint-Exupéry : seule la voie du cœur comble l’homme, elle lui permet d’obtenir le plus précieux : la cohérence dans toutes les dimensions de sa vie.

… j’étais sur la voie de la compassion, sentiment méconnu, souvent décrié mais capable de voir en l’autre le reflet de l’être dans sa plénitude et donc de l’accueillir dans sa vérité sans rien exiger de lui.

… comme pour confirmer la validité et la réalité des états de conscience que je vis et qui ont été partagés par d’autres humains au cours du temps, j’en ai trouvé des échos bouleversants en cherchant dans divers ouvrages :

Le désir (Éros) sans limite qui conduit jusqu’à la plénitude.

La sensualité dans l’instant présent qui fait éprouver un sentiment de communion cosmique.

La découverte de l’Amour au-delà de l’être aimé qui englobe tous les aspects de la vie jusqu’au fondement primordial, dans une spirale de fabuleuse énergie...

 

7. 1. 5 Evolution des croyances et références culturelles

… début 99, je me sentais rajeunie, allégée, mieux dans mon corps, ma tête et ma vie : je récupérais un niveau d’énergie et de santé plus satisfaisant. Même si c’était fluctuant lorsque je refusais la situation et ma mission envers lui.

- En tout cas, constate Alicia, tu étais plus en accord avec toi-même.

- J’ai appris à m’accepter, à m’aimer comme je suis, dans mon rythme, mes perceptions, ma logique, mes valeurs différentes. C’était totalement nouveau. Auparavant j’étais plutôt dans la haine de ma propre personne.

- Tu es entrée dans l’amour, ajoute Alicia.

 Je souris en marquant un temps, je la regarde attentivement et lui dis :

- L’Amour, oui et j’ai été bouleversée de ressentir dans la réalité la plus intime de mon corps et de mon esprit que l’élan érotique est le fondement de la vie (et non un péché !). L’amour est l’énergie suprême, celle qui nous révèle l’Amour divin si nous nous laissons guider par son dynamisme ascensionnel sans nous égarer dans les haltes proposées à chaque étape par nos plus bas instincts. D’ailleurs pécher signifie en fait « se tromper de cible ».

- Encore un défi ! dit Alicia.

- Sûrement. Le plus difficile est peut-être de ne pas rester bloqué sur nos croyances et références culturelles. Mes guides m’aidaient d’ailleurs activement à dépasser ces barrières et leur action s’apparentait souvent à l’utilisation de dynamite psychique. Si c’était efficace, c’était parfois douloureux. Mais j’ai apprécié d’évoluer sur le plan spirituel d’une façon que je n’aurais jamais pu imaginer. Je bénéficie d’un lien divin personnel sur cette voie d’Amour où la rencontre de Mandro m’a propulsée. J’éprouve dans tout mon être l’Amour primordial qui me fait entrer en communion avec l’univers. Et puis, alors que seule la quantité, le groupe humain en général m’importaient, j’ai découvert la valeur inestimable de l’unique, de l’individuel en chaque être humain !

- Et donc ta propre valeur ? demande Alicia.

- Bien sûr. J’ai aussi pris connaissance de ma propre « mission » et j’ai vu ma vie sous un jour différent. Je n’ai plus besoin de courir après autre chose. J’expérimente ce qui se présente en m’efforçant d’évoluer en fonction.

- C’est une vraie discipline, commente Alicia.

- Pourtant, ma tendance naturelle me poussait plutôt vers l’évasion et la négligence. Vivre le présent, l’ici et maintenant, même dans les tâches ingrates ou contraignantes, les petits plaisirs, la créativité « gratuite », c’est la source de mon évolution et probablement la possibilité éventuelle d’une certaine forme de bonheur indépendant des conditions de vie ! 

- Beau programme ! approuve Alicia. C’est une façon originale de faire de ta vie une forme d’aventure.

- Je ne sais pas. En tout cas d’une certaine manière, j’aurais choisi ma vie, les expériences destinées à me faire grandir et progresser. Je vis les situations et les événements nécessaires, selon une notion de « karma » au sens évolutif et non punitif. En ce sens, mon expérience de vies antérieures avec Mandro a été profitable, non pour m’y complaire ou m’y réfugier, mais plutôt pour comprendre la continuité du fil de nos vies et les éléments déterminants de notre histoire commune. Pendant cette année décisive, j’ai découvert peu à peu ce qu’il fallait accomplir dans cette vie pour évoluer en fonction du passé…

… au fur et à mesure de ma progression, j’identifiais mes limites, tout ce que je ne peux changer. Je reniais de moins en moins mes élans vitaux, mes émotions, ma sensualité, mes désirs : je les intégrais au plus haut, dans l’Amour absolu. J’acceptais de vivre la réalité de mon état sans dépenser mon énergie à refuser, à nier cette histoire étrange, ce qui me rendait malade ou me coupait des enseignements éventuels liés à mes souffrances. Je découvrais la source du dynamisme de la vie lorsque j’arrivais à en voir le juste niveau, l’aspect global.

… Paradoxalement, cet amour m’a délivré de mes sentiments amoureux envahissants et douloureux envers Fabrice (l’homme « coup de foudre » d’Estelle). Il m’a surtout permis de mieux aimer Georges (mari d’Estelle), mes proches et les gens de mon entourage, comme s’ils étaient reliés à la source d’amour.

… Et puis j’ai appris que je ne suis pas mes états d’âme. Ils passent et sont si inconstants. Il me suffit d’attendre qu’ils s’en aillent, aussi profonds qu’ils paraissent de prime abord ! Je ne suis pas non plus mon rôle (mère, épouse, fille, sœur), ni mon statut professionnel, aussi gratifiant soit-il. J’ai par ailleurs découvert de l’intérieur que je ne suis pas plus mon corps et c’est un soulagement parce que, tu le sais, mes douleurs me confrontent souvent à ses limites contraignantes. Lorsque je souffre, je ressens mon corps comme une prison dont je cognerais les parois trop étroites. J’apprends donc à l’aimer, à le respecter comme un bon outil sans m’attacher à son aspect plus que nécessaire, à son juste entretien.

- C’est inouï de changer à ce point de modèle de pensée, remarqua Alicia.

- Et oui, depuis j’éprouve une vraie libération par rapport aux obsessions de jeunesse permanente, de beauté ou de performance. Ils m’apparaissent comme des pièges dérisoires érigés actuellement en valeurs absolues dans notre société. Ce sont des repères trompeurs qui nous aliènent, le plus souvent sans critique de notre part, encore plus profondément que les anciennes valeurs de famille, travail, patrie dont nous avons voulu nous affranchir !

« Pourtant me déterminer selon ces critères était auparavant une seconde nature pour moi. Bien sûr cela ne se voyait pas parce que de toutes façons, quoi que je puisse faire, ces objectifs m’apparaissaient hors de portée. Cela ne m’empêchait pas de les considérer comme une référence et donc d’en souffrir !

- Ainsi le physique n’était donc plus important pour toi, dit Alicia étonnée avec une pointe d’inquiétude.

- Je ne le néglige pas, dis-je pour la rassurer, je dirai plutôt que j’ai appris à le mettre à sa juste place et surtout le travail de « connaissance de soi » m’apparaît désormais primordial. Même la reconnaissance sociale dont je bénéficiais pourtant fort généreusement ne me dispensait pas de cette discipline incontournable sur le nouveau chemin où j’étais propulsée. 

… - Les restrictions et les contraintes sont inhérentes à notre nature. Elles ne limitent pas pour autant notre capacité d’accéder à la sérénité de l’âme. Elles ne signent pas l’imperfection. Elles balisent plutôt la voie pour nous faire progresser sur un autre plan. Nous sommes incroyablement plus importants que nos possessions (corps, biens, connaissances) ou nos actions inscrites dans la réalité matérielle. La connaissance de notre véritable nature n’est plus transmise maintenant. Nous sommes plus séduits par la facilité immédiate et la satisfaction de nos désirs primaires. C’est vrai que reconnaître notre nature et plus encore, l’assumer de façon concrète est un parcours personnel exigeant et difficile. Je n’y parviendrais pas par mes propres capacités sans les directives des maîtres qui me guident sur cette voie et surtout je n’en aurais même pas connu la possibilité.

Je ne juge plus ce que font les autres et de moins en moins ce que je fais pour obéir à la mission. J’apprends à me laisser apprivoiser par le Silence qui pourtant me faisait si peur auparavant. Et si je n’en suis qu’au début, je réussis parfois à entendre clairement le Maître suprême. Éprouvant ma fragilité et l’immensité de sa Grâce, j’apprends à lui laisser place en moi.

Pourtant, rien n’est acquis à jamais. Aussi, pour contrer ma faiblesse, je m’appuie sur la force de mon Bien-aimé et son Amour infini en lui livrant continuellement ma vie. D’instant en instant, je dois renouveler mon acceptation et œuvrer à son service pour progresser sur le chemin qui me mène vers lui.

… Auparavant, tout comme Georges branché en permanence sur les infos, je ne concevais pas de vivre autrement qu’en phase avec les « nouvelles » de la planète. Maintenant, une fois libérée de ce poids, je prends vraiment conscience de son impact sur ma vie. J'apprécie pleinement cette ouverture libératrice qui m’éloigne de mes anciennes utopies de maîtrise de l’information, despote monstrueux du temps et de l’espace déifié par notre société pour assujettir nos vies à des lois déshumanisantes : mondialisation, rentabilité, standardisation, culture de la peur et de l’insécurité, obsession de l’apparence et du corps selon des canons de beauté qui seraient universels, lutte acharnée contre tout signe de vieillissement.

 

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9 octobre 2023

Analyse du témoignage d'Estelle en tant qu'expérience d'état mystique avec transformation.

Nous analysons ce témoignage selon les critères caractérisant la profondeur et la nature d’expériences mystiques avec transformation profonde de la personnalité, des croyances et connaissances. Les citations utilisées sont extraites du récit intitulé Trésor des Laures. http://tresordeslaures.canalblog.com/

1/PERTE D’IDENTITÉ, EXPERIENCE D’UNE AUTRE REALITE TRANSCENDANTE

A plusieurs reprises Estelle vit des ENOC, Etats non ordinaires de conscience, avec une perte de repères d’identité, des expériences de conscience supérieure, des sentiments d’unité avec une dimension transcendante voire divine.

… Moments d’extase fabuleuse :

« Décollage vertical pour une contrée inconnue. Il n’y a plus de personne réelle, de nom, d’identité. Je vis l’union de l’Amant et de l’aimée en communion avec la création, anonymes mais représentant en ce lieu (une clairière baignée de lumière) le Tout et ses parties. »

« Inutile de te le dire, l’atterrissage est très difficile : quitter cet univers océanique, idyllique pour revenir assumer le quotidien me donne une sensation de malaise indéfini au creux du corps et du cœur, comme une « gueule de bois cosmique » ! J’ai le désir de rester là-haut, de ne plus redescendre, cependant si j’entrevois parfois la lumière divine, le Bien-Aimé me rappelle sans cesse que je suis une femme ordinaire. »

Lors d’une promenade, sentiment d’harmonie cosmique :

… c'était le jour de l'Hiver, je me baladais non loin de chez Mandro. J'ai ressenti un accord parfait avec la Nature quand soudain pour moi, LE TEMPS S’EST ARRÊTÉ. Dans un sentiment d’amour océanique venant du Très-Haut, un symbole d’une force inouïe m'a submergée, me laissant sans mot, sans pensée, dans une plénitude infinie. Il m'en reste une vision magique : la Nature exprimant la quintessence de l’Harmonie suprême manifestée dans la réalité d’un paysage superbe, par l’Union de la Pierre, de l’Eau, de l’Arbre et du Soleil sur un même axe.

Une expérience de conscience supérieure :

… expérience bouleversante. La découverte que je fais partie du Tout, de la trame de l’univers, je suis précieuse pour lui, même en étant toute petite. De façon certaine, je suis entrée dans une autre dimension du Réel, au-delà de la dualité, des oppositions, (du Bien et du Mal). A la place, je distingue désormais de l’accompli ou de l’inaccompli. Le monde ne m’apparaît plus hostile, il m’offre des opportunités ou des défis parfois sous un aspect négatif, pour favoriser mon évolution. A mon niveau, j’avais fait des choix qui m’ont semblé « terribles » et je les ai assumés, je n’ai pas fui, j’ai accepté ma part de la tâche pour avancer plutôt que de me laisser vivre en attendant que cela passe.

La découverte de l’Amour et du divin

Je ressens la brûlure d’un amour qui atteint les dimensions les plus hautes, pourtant sans désir de possession, sans antinomie avec mes engagements actuels, sans atteinte de mon amour, au contraire encore augmenté pour Georges, l’homme de ma vie. L’énergie à ces hauteurs lorsque j'y suis transportée en songe est terrible. Je suis comme désintégrée, et du noyau de mon être s’élève alors une vapeur blanche aux formes tridimensionnelles étranges : LE NOM DIVIN.

 

2/ SENTIMENT D’UNITE AVEC DES OBJETS OU DES ETRES, PERCEPTION DE L’UNITE DE TOUTE CHOSE, D’INTERDEPENDANCE ET DE CONNEXION. 

Fusion avec un tournesol

Tout à coup j’ai vu un tournesol, un très grand solitaire qui avait poussé dans un massif de fleurs variées. J’ai stoppé net, fascinée par la disposition harmonieuse de ses graines en spirale et … je suis devenue tournesol !

Apprendre à connaitre et aimer

…J’ai plutôt eu l’impression d’avoir régressé : je n’avais plus de grande vision, d’extase sublime. A partir de là la relation divine était plus intériorisée, plus subtile et moins spectaculaire. Je subissais un travail en profondeur, l’Amour faisait partie de moi, de chacune de mes cellules, de chacune de mes respirations. Par ailleurs, j’ai eu le sentiment totalement inimaginable pour une conscience ordinaire (la mienne avant cette histoire bouleversante) de connaître Mandro infiniment mieux que n’importe qui de mon entourage. Cet « esprit paternel » contribuait à me le rendre familier bien que personnellement je n’ai eu aucun intérêt pour ces données intimes.  Selon Jil, je devais apprendre à aimer de façon inconditionnelle...

Sentiment d’unité avec l’environnement

J’acquiers surtout une qualité de vision globale comme si mes yeux pouvaient « saisir » contre moi, toucher, sentir ou goûter. Parfois c’est comme si je devenais ce que je vois : une pierre, une fleur, un homme...

Ressenti dans le corps subtil

« J’ai ressenti d’une façon très étonnante mais tout à fait réelle, certaines vérités exprimées par le langage populaire, par exemple le regard concupiscent « dévore ». Ce regard est physiquement agressif, (par son action probable sur le corps subtil), il donne à sa victime réduite à l’état d’objet sexuel, une sensation de « mains aux fesses ». Heureusement, l’action sur le corps subtil se manifeste aussi avec le regard caressant, accueillant comme s’il vous prenait tendrement dans les bras...

- C’est quoi ce corps subtil ? demande Alicia.

- Je ne sais pas très bien le formuler. Il semble perceptible par l’intuition, peut-être par le sixième sens. Il est dans une dimension différente du corps physique et pourtant tout aussi réelle, bien qu’inaccessible au raisonnement et aux sens ordinaires. Mon sixième sens, justement, s’était développé jusqu’à me faire découvrir comme de l’intérieur les sensations du corps d’un homme : le bien-être, la satiété, la légère ivresse, le désir mais aussi la douleur, les frustrations, la violence.

« Pourtant, je ne voulais rien savoir de lui que ce qu’il voudra me confier, même si j’acceptais de recevoir - à dire vrai je n’avais pas trop le choix - ce qui me permettait de mieux le connaître, de l’admettre dans son authenticité sans l’idéaliser, afin de mieux le servir. Je connaissais ses limites, ses faiblesses mieux que celles de mes proches et je connaissais aussi son potentiel de Réalisation, la trame de son destin, la fraternité d’âme qui nous lie.

Lien avec l’autre dans l’amour

… En fait, nous ne sommes pas vraiment séparés les uns des autres. Nous sommes interdépendants. Plus qu’une réelle séparation, je distingue une authentique particularité liée à notre nature propre et j’ai perçu la « splendeur » de l’autre dans sa différence. J’ai vu sous un aspect indescriptible de beauté, un être humain et j’ai appris à l’aimer selon ses aspects d’ombre et de lumière.

… Je me vois alors accueillie dans la Plénitude d’Amour, la Lumière de la Source divine.

 

3/ EXPERIENCE HORS DU TEMPS ET DE L’ESPACE. SENTIMENT D’INFINI, D’ETERNITE

Lieu hors du temps et de l’espace

…L’enseignement d’amour est alors quasi cosmique, dis-je, Jil me fait découvrir au solstice d’été un lieu en ruines au sud de Toulouse, qui a des propriétés particulières sur la perception de l’espace et du temps, lorsqu’on est en état d’amour, donc réceptif à une forme de communion universelle.

D’autant qu’il m’a aussi fait découvrir des ruines où j’ai assisté en sa présence au lever du soleil. Ce lieu que je n’ai pu localiser semble avoir des propriétés particulières sur la perception de l’espace et du temps.

Découverte d’une pierre, porte d’entrée dans une autre dimension

C’est troublant, la pierre et le paysage correspondent bien à la vision. Pour moi, ce n’est pas une vulgaire pierre, c'est une vraie rencontre. Et lorsque je pose les mains dessus, j'entre dans un état second, comme dans un autre monde. C'est complètement hallucinant, mais dans cette Pierre, j’ai la révélation de l’union du masculin et du féminin qui depuis les origines nous relie et contient le secret de nos vies. En elle, le mal et le bien ne sont opposés qu’en l’absence du sentiment d’amour et ce sentiment nous pousse de façon irrésistible vers l’accomplissement de nos destins.

- Ah oui, quand même ! dit Alicia. C’est une expérience forte.

- Tu peux le dire, elle a bouleversé ma vie. Là je suis entrée dans un autre territoire, celui où l’intérieur, le monde psychique est en correspondance avec l’extérieur, le monde réel.

Plan de vie présenté par un de ses guides : passer de l’horizontale à la verticale de l’éternité dans le présent.

…Tu devras renoncer à toute limitation, tout attachement et tout désir d’attraction des êtres, alors l’horizontale de ta vie disparaîtra et tu entreras dans le pouvoir de la verticale. Chaque instant de ta vie sera instant d’éternité. Chaque endroit où tu te tiendras sera espace total sans limite. Chaque être que tu rencontreras sera ta famille et pourtant tu seras libre de tout lien. Tes besoins seront comblés au-delà de tes désirs et tu entreras dans la Plénitude de la Paix.

Cela me semble tellement irréel que je ne me sens pas concernée par ce message comme s’il s’adressait à une autre personne qui, elle, serait qualifiée pour ce parcours exceptionnel. Ma vie est emplie de douceur, d’harmonie. C'est quasi magique et je suis si heureuse que je pourrais dire si je devais mourir maintenant que je suis parvenue au mieux de mon existence, de ma vie terrestre. Mais je n’oublie pas que je suis « au service », déchargée du poids du quotidien dans la mesure où je me consacre à la Mission, à l’œuvre de Réalisation.

 

4/ EXPRESSION DIFFICILE DE L’EXPERIENCE, LES MOTS NE SUFFISENT PAS

Découverte du potentiel d’un homme

… Cette vision ne ressemblait à rien de connu pour moi, elle me conduisait dans un domaine fabuleux inaccessible au langage, là où pourtant tout devenait évident.

Tout un monde d’entités-guides de différents niveaux

Je préfère ne pas rentrer dans les détails. Je peux seulement te dire que pour moi ils n’ont rien à voir avec des personnages de rêve ou de songe. Ce sont des présences à part entière avec une capacité d’action concrète dans ma vie, même si bien sûr je ne peux en apporter la preuve ! Mon Bien-aimé est à mes côtés en permanence, plein d’amour et de sagesse ; Jil est le Maître des lumières et il m’a présenté le « Maître suprême », un personnage d’un charisme incroyable. Avec lui, le contact est simple, chaleureux, valorisant pour moi et si subtil que je ne peux rien écrire de ces merveilleux moments.

Expériences de connaissances indicibles

…En me laissant emporter dans l’expérience du silence, j'y découvre des perspectives et des connaissances inattendues. Je vis intensément ces moments depuis que je n’essaie plus de les enfermer dans des concepts intelligibles ou du moins transmissibles. J'ai renoncé à cette ambition, car j'ai le sentiment d’être si loin dans mon évolution que seule une chance miraculeuse (ou prévue par le Plan), me permettrait de rencontrer un être humain capable de comprendre, et ce en dépit des efforts de mes confidents, Georges et encore plus Alicia.

Transformation par l’amour

… Je n’ai pas d’effort à fournir pour retenir, contraindre mes sentiments à des limites humainement admissibles, au contraire il me faut lâcher prise, me « laisser agir » dans le silence et dans l’amour qui me possède tout entière. Je suis transformée encore et toujours plus, mais que pourrais-je en dire à ce stade ? Le silence est le seul espace sacré pouvant accueillir cette expérience inimaginable.

 

5/ CONFRONTATION AU SACRÉ AVEC SENTIMENT D’EMERVEILLEMENT ET D’HUMILITE

Harmonie avec l’univers

… Je me vois tel un instrument invité à tendre ses cordes de la bonne façon pour être joué en harmonie avec la musique de l’univers. Je ne choisis ni le morceau joué ni le moment où je dois jouer.

Expérience de modalités de création avec une entité, Vincent

Toujours en songe, j'approfondis la notion de « noyau » avec Vincent. Je vois comme par ses yeux, un ballet féerique de fils qui se croisent, s’assemblent, se séparent. J'entends une sorte de musique de sons étirés, sublimes, accompagnés de couleurs fabuleuses. Chaque sensation s’exprime sous forme de vibration. Vincent joue avec ces fils en créant divers décors.

Je me sens rétrécir, devenir un minuscule atome de l'univers. Vincent désigne le Nom divin émergeant sous une forme lumineuse tridimensionnelle, comme un hologramme qui contiendrait en puissance toute la Création. Puis il me dit :

- Nous sommes formés à partir de ce noyau relié à Dieu, et en Dieu, nous accédons à la forme et au « pouvoir ». Je te recommande d’accepter consciemment cet état pour entrer dans le royaume divin et participer à la création. Ce mode de participation contribue à créer notre monde : nos interactions dans le monde réel avec notre environnement et donc nos expériences de vie.

- Quelle tâche concrète me revient ?

La réponse de Vincent me sidère :

- Devenir Lumière ! Ainsi tu œuvreras utilement pour créer une trace dans les plans de la Création, une voie royale accessible aux explorateurs de ce chemin. Tu n’auras pas besoin d’une voie extérieure, d’œuvrer dans le monde. Tu devras œuvrer sur le plan intérieur jusqu’à l’Union intime et consciente avec le divin à partir du noyau.

Pour moi, soudain tout est en place, lumineux de simplicité et je me souviens de cette loi sacrée enseignée par mes guides : quand un humain franchit une marche, c’est toute l’humanité qui avance.

Contemplation cosmique

Le soir même, sur le chemin du retour, je suis bouleversée par la vision d’un arc-en-ciel, puis quelques minutes après, par le spectacle de « deux soleils », soleil couchant et lune rousse face à face. Deux jours plus tard, je remarque de nouveau ce spectacle grandiose se déroulant le matin. Le soleil levant voilé de brume et la pleine lune claire se font face de chaque côté de la route. Émue, je perds la notion du temps et m’arrête pour contempler ce tête-à-tête astral. Je reste là un long moment comme enracinée dans la terre, illuminée par ces deux soleils, clés du cosmos m'offrant l’accès d’une communion universelle.

Expérience fabuleuse qui magnifie chaque instant et me fait lire au revers de chaque moment vécu une aventure en marche exprimée dans nos destinées humaines. Plus rien n'est banal ou ordinaire. Tout est en cohérence dans l'univers et se positionne selon les dimensions multiples de la Vie dans un réseau chatoyant et infini.

Acceptation

 Il n’y a plus de déchirure, de choix douloureux ou de renoncement cruel, mais une force tranquille et confiante venue de l’acceptation de ma fragilité offerte au service de la voie. Mon seul désir est de progresser vers le Maître suprême, pour le servir de mon mieux, supprimer tous les écrans possibles entre Lui et moi afin qu’Il s’exprime pleinement en moi, le reste de ma vie qui de toute façon lui appartient.

 

6/ EXPERIENCE DE CONNAISSANCE DE REALITE ABSOLUE DANS UNE CONSCIENCE SUPERIEURE INTUITIVE

ENOC de qualité supérieure grâce à son guide, Jil.

Il m’apparaît comme un catalyseur d’états de conscience modifiée, grâce auquel je vis certaines situations.

Lien avec l’énergie supérieure de la vie

fin 98, je me sens aimée en profondeur et j’apprends à ne plus m’identifier à mes états d’âme. Je m’efforce d’accepter la situation présente comme elle est même si les apparences ne sont ni raisonnables ni honorables. J’attribue cette évolution au travail spirituel et à l’action directe de mes guides, Jil et mon Bien-aimé, qui me relient à l’Énergie supérieure de la vie.
Je vois mes pensées sous forme d’une énergie utilisée dans l’intérêt de Mandro et je me sens comme une «médiatrice » de l’Amour Universel.

 

LABYRINTHE

6.1.1 Expérience de labyrinthe et d’un lieu sacré symbolique aux dimensions géographiques

……Le labyrinthe semble être un amplificateur psychique et peut donc être dangereux.

Nous entrons ensuite dans un lieu sacré où nous parcourons un immense labyrinthe. Au centre sans issue, nous sommes face à face, mains unies. Au-dessus de nous, nous découvrons le cœur du Maître suprême et ressentons l’Amour divin. Nous sommes infiniment aimés, unis au Maître suprême.

Puis nous entrons dans un carré et passons de chaque côté en franchissant successivement trois degrés. En pénétrant dans ce carré du premier degré, du plan horizontal et géographique, celui des racines, Mandro se dirige vers le Nord-Ouest « car il est le fils », dit une voix céleste. Je vais vers le Sud-Est « car elle est la femme saisie par l’esprit » dit encore la voix. Là, le contact avec la Terre-mère est bien réel et représente notre pérégrination terrestre : Mandro et moi abordons ces mystères de façon différente, en des points distincts, adaptés à notre évolution et notre statut actuel.

Le deuxième degré est l’entrée dans la Création, dans l’univers ordonné dont l’axe est l’homme dressé à la verticale comme un tronc.

Le troisième degré est la rencontre avec le ciel, le plan divin. Au sommet, dans une spirale parfaite, se dresse l’arbre formant une croix, l’arbre de vie. En ce lieu, nous sommes enfants de la Création et entrons dans l’harmonie du monde dont la loi s’exprime selon la dimension sacrée du Nombre.

Dans le labyrinthe, j'ai l’intuition qu’il faut explorer, se confronter en conscience à sa nature propre, parfois l’affronter avant d’accéder au niveau où la matière est transcendée, sublimée au sens alchimique et non pas niée. Là, se dévoile une autre dimension potentiellement accessible à l’humain, celle de l’être qui totalement unifié devient l’Homme, lien énergétique entre terre et ciel. Le carré aux trois degrés surmontés de la spirale et de l’arbre, donne accès à la connaissance de cette nature d’Homme et de ses lois.

Mandro et moi passons ensuite dans un rectangle, une table de pierre s’y dresse comme un autel de sacrifice. Derrière cette table, un carré contenant un cercle est dessiné au sol. Lorsque nous y pénétrons, nous sommes saisis par une vibration cosmique dans un amour total. Nos noyaux entrent en résonance intime avec l’univers et le divin.

Mandro prend alors l’aspect d’un homme lumineux inscrit dans une grande étoile éblouissante et je comprends soudain dans tout mon être la nature de la vision reçue voici quelques mois, qui avait complètement bouleversé ma vie.

Enfin, je distingue une étoile à huit branches tournoyant au-dessus de la coupe lumineuse qui les surmonte. Unis, nous nous transformons en rose de lumière à douze rayons rassemblant la pierre, la coupe, le feu divin, la lumière dans une fusion totale.

J'émerge de ce songe émerveillée et bouleversée, sans pourtant comprendre son sens symbolique. Je voudrais en exprimer la beauté, faire partager la plénitude de cette vision sublime, mais je reçois l’ordre du silence à ce stade.

Cette vision s’intégrera plus tard dans la réalisation d’une carte symbolique comprenant un labyrinthe dont le centre s’ouvre sur une « Rose d’or ».

 

6. 1. 2 Connaissances partagées sur le parcours de labyrinthes

… Nous reparlons aussi de mes expériences de labyrinthe et Alicia me fait part des enseignements d’un ami à ce sujet :

- Ce type de tracé parcouru en toute conscience pourrait avoir des effets quasi-physiologiques surprenants. Selon lui, ce parcours stimule différents niveaux corporels subtils qui nous sont en général inaccessibles.

- Que veux-tu dire ?

- Voilà ce qu’il m’a expliqué, répond Alicia, j’ai pris des notes pour toi. Il faut d’abord numéroter chaque enroulement du labyrinthe en ordre croissant à partir du centre ( voir Annexe III sur Trésor des Laures  http://tresordeslaures.canalblog.com/). Tu parcours donc successivement les niveaux 5, 6, 7, 4, 1, 2, 3 avant d’atteindre le centre.

Au départ, tu es dans le niveau 5, en rapport avec les vibrations reçues (l’oreille, les sons) ou émises (la gorge, la parole). L’homme étant un être de langage, c’est le contact avec le Verbe.

Au niveau suivant, le 6, les sens sont stimulés, le verbe devient lumière selon des schémas plus ou moins abstraits ou géométriques, tu entres dans un autre espace-temps.

Je réagis vivement :

- Tout à fait comme dans les ruines proches de Toulouse visitées avec Jil. Excuse-moi, ce rapprochement s’est imposé. Continue, c’est très intéressant.

-  Au niveau 7, le plus périphérique, le verbe devient chair dans un langage où le corps s’exprime en termes d’émotions et de réactions physiologiques par le biais des hormones, (c’est par exemple à la base du fameux détecteur de mensonge).

Au niveau 4, tu reviens au cœur des enroulements, le verbe devient sentiment. Le plus élevé des sentiments est bien entendu l’amour qui, éprouvé à ce niveau, permet de découvrir l’harmonie de la création.

Au niveau 1, le verbe devient énergie et se manifeste à la base énergétique fondamentale de l’être, son courant pouvant conduire jusqu’à la communion extatique avec l’univers. Cela devient possible au niveau 2 où le verbe se fait Amour à partir de sa composante érotique et sexuelle.

Au niveau 3, si l’être sait éviter la dispersion vers l’extérieur, l’énergie accumulée au stade précédent devient une force pour centrer l’individu alors appelé à la transcendance. Le verbe devient puissance et prépare à la rencontre suprême.

Enfin au centre du labyrinthe, tu es en contact avec le divin. Ainsi la meilleure part de l’humain en toi est conduite vers la réalisation de son potentiel tout au long de ce processus complexe et parfois très périlleux.

- A priori, dis-je, c’est très théorique et cela ne semble pas correspondre à mon expérience de type plus « charnelle », mais cela mérite un examen plus approfondi. En fait, je suis entrée dans le labyrinthe avec la parole donnée par Jil. On dit que l’homme est un être de langage, la parole le forme (ou le déforme... et les psychiatres sont payés pour le savoir). En ce sens, la parole qui transforme l’homme correspond au Verbe. Le Verbe accompagne l’homme dans son parcours et le conduit à travers différents niveaux d’expérience. Il peut modifier sa vision de lui-même, du monde et lui permettre d’accéder à des dimensions de conscience différentes.

- C’est un phénomène subtil, remarque Alicia, j’ai essayé sans rien ressentir. Il faut probablement être guidé pour y parvenir ou travailler en profondeur selon les différents sens et niveaux du corps, ce que je n’ai pas appris. Cette tradition semble perdue depuis longtemps dans notre civilisation, pourtant des labyrinthes étaient dessinés dans nos cathédrales autrefois. Dans la société très religieuse de l’époque médiévale, parcourir un labyrinthe valait un pèlerinage, on le surnommait d’ailleurs la « lieue de Jérusalem ».

- Et oui, dis-je, nous ignorons beaucoup de choses sur les capacités de l’esprit humain et sur les moyens « naturels » de le faire accéder à d’autres niveaux de conscience. Les cathédrales en faisaient probablement partie au même titre que d’autres lieux « sacrés ».

Alicia ajoute :

- Mon ami pense que ces espaces permettent en effet d’expérimenter des modes d’expression et de perception différents, on y rencontre même parfois des personnalités psychiques autonomes monstrueuses ou effrayantes. C’est potentiellement dangereux, on peut mourir de peur ou devenir fou dans certaines situations extrêmes. Et à la fin du processus, le plus difficile reste à faire : il s’agit de reconnaître, accepter, réintégrer ces diverses composantes pour ainsi devenir pleinement unifié.

- En effet, dis-je, je pense que l’état d’esprit dans lequel on fait ce parcours est très important, l’amour est le meilleur guide. Dans le parcours cauchemardesque (d’un labyrinthe) dont je t’ai parlé, mes sentiments négatifs m’ont confronté à l’horreur.

 

6. 1. 3 Le labyrinthe de la vie

… Mon Bien-Aimé m’accueille et me réconforte.

Grâce à lui je vois la vie humaine comme un labyrinthe qui peut se parcourir à différents niveaux sur une pyramide. En fonction des événements de la vie, nous sommes plus ou moins éloignés du centre. Lorsque nous sommes dans l’axe nous pouvons nous ajuster au niveau de ce qui nous est demandé et nous pouvons parfois gagner le point central supérieur.

 

6. 1. 4 Laure, labyrinthe ?

Le mot Laure donne son titre au récit de ses expériences

…Le message spirituel secret des laures - ces antiques retraites d’ermites qui vivaient la vie mystique - me hante ? D’autant que selon la Lore ou Lorre, connaissance de la Tradition, laure vient d’un mot laura ou labra signifiant « pierre, grotte ». Ce qui selon Mircea Eliade serait l’origine du mot Labyrinthe…

Dieu serait l’amour, y compris dans sa composante érotique, de nombreux mystiques de toutes religions en ont témoigné. Éros serait une composante divine fondamentale préparant l’individu à évoluer par la transformation de son énergie psychique.

Est-ce le secret perdu par l’Occident au fil du temps ? Ce secret a été vécu entre autres par les ermites dans ces premières cellules dont le regroupement composait les laures. Le mot « laure » évoque par ailleurs selon le grec « laura », le rocher. La pierre aux temps archaïques symbolisait aussi un dieu ou déesse, et le labyrinthe aurait alors représenté « le palais du rocher », lieu mythique de rencontre-connaissance avec soi-même, l'autre et le dieu. Ce secret a été étouffé entre une logique exclusive qui mène à une démarche scientifique asséchant les sources vives de cette connaissance et un rigorisme frileux voire castrateur d’une église qui, jalouse de ses prétentions spirituelles, s’est enfermée dans un dogme stérilisant.

 

POMME

6. 2. 1 Rêve fantastique de pomme

Mai 99 Je note un rêve fantastique dans lequel Jil me révèle un secret contenu dans la pomme. J'en suis bouleversée. C’est la révélation du sens du péché originel, du cinq en étoile caché au cœur du fruit, du Sens de notre destin humain FABULEUX au-delà de ses mesquines apparences.

Mon moi fragile vole en éclats, tout comme le verre qui s’est brisé dans mes mains juste au moment où j’y repensais quelques heures plus tard. C’est un choc inimaginable, une expérience inconcevable !

 

6. 2. 2 Révéler à Mandro ?

(Il devra) … trouver seul - en écoutant la voix de son cœur - ce que cette pomme enseigne sur le Sens de nos vies.

… Grâce à Jil, j’ai compris l’importance initiatique de ce secret. Il ne doit pas être divulgué comme une belle histoire sous peine d’être inopérant.

Mais le temps du partage vient et l’essentiel est révélé dans le Trésor des Laures,  http://tresordeslaures.canalblog.com/ (explication du sens spirituel et dessins).

 

ACCES A LA CONNAISSANCE D’UNE AUTRE REALITE

 … Bien que je pense alors être incapable d’assumer la grandeur d’âme imposée par cette mission, Jil m’aide à découvrir un envers du décor fait d’événements successifs, de rencontres apparemment dépourvues de sens, sans lien évident, qui forment en réalité un réseau de significations d’une haute cohérence, en tout cas bien plus forte que je ne suis capable de concevoir intellectuellement.

Sensation vertigineuse, je mesure d’une façon pourtant imparfaite liée aux limitations de ma nature, l’immensité de l’Amour dont nous sommes aimés. Sa puissance phénoménale nous guide secrètement sans s’imposer, elle est manifeste dans chaque événement de notre vie pour celui qui sait dépasser le mur des apparences, miroir trompeur de nos limites humaines. Et sa discrétion est la forme la plus haute de respect de notre liberté. 

 … Selon ce que je perçois, nous sommes infiniment plus aimés, tout est divinement conçu dans la dimension la plus haute, sous forme d’expériences à vivre, malgré des apparences parfois contraires au niveau de notre dimension terrestre.

Je comprends que l’âme vient apprendre dans la matière, éprouver sa propre nature et peut dans l’exercice de sa liberté choisir de vivre de la vie divine dans son vrai royaume ou choisir de rester dans le monde des illusions en se heurtant à ses limites.

Lorsque nous saisissons enfin c’est un émerveillement sans fin ! Le voile se déchire, la dimension verticale apparaît, nous accédons à une haute dimension divine. Cependant, cela ne peut s’apprendre superficiellement, en théorie, il faut l’expérimenter réellement. Chacun finalement connaît cette vérité au fond de lui, mais il doit en refaire le choix dans sa vie pour assumer sa liberté.

L’humain qui atteint ce stade peut seulement se taire et rester là, présent de cette Présence en lui, face à celui qui souffre de sa situation de victime impuissante des aléas de la vie. C’est le seul moyen authentique de l’amener lui aussi à reconnaître sa vraie nature reliée à l’Être suprême, de l’amener sur cette voie, en respectant son libre-arbitre. En tout cas, c’est la voie qui m’est révélée, loin des prodiges et des merveilles faisant croire aux ignorants que tout cela ne les concerne pas.

  

9 octobre 2023

ENOC Alternatives aux psychédéliques (suite)

Nous constatons que l’étude des ENOC débouche sur des pratiques diverses et de différents niveaux, que ce soit de la relaxation ou des effets thérapeutiques, en particulier sur le stress, le stress post traumatique, la douleur…

Par ailleurs ces études permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et de la conscience y compris dans ses capacités les plus mystérieuses apparentées au paranormal.

L’Inserm (l'Institut national de la santé et de la recherche médical) a publié dans son magazine N° 54 de septembre 2022 un dossier sur la « Conscience. La moduler pour mieux soigner ». A côté de l’hypnose, la méditation, la transe cognitive auto-induite sont abordées des techniques fondées sur les ENOC, telles que l’EMDR et la thérapie Mosaïc. Nous allons nous y arrêter car si « leurs protocoles peuvent sembler extravagants » ça marche !

https://www.calameo.com/read/005154450c2b610e029e2

 

3 EMDR et techniques apparentées

3.1 L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires »). Dans un article de Janvier 2023, l’Inserm fait le point : l’EMDR « vise à traiter les conséquences psychologiques, physiques ou relationnelles liées à un traumatisme psychique ». « en 2013, l’Organisation mondiale de la santé mentionnait l’EMDR comme une alternative valide aux thérapies comportementales et cognitives plus classiques. »

« des travaux en neuro-imagerie menés par une équipe française ont montré que les stimulations pratiquées pendant la séance d’EMDR activent et synchronisent de larges réseaux de neurones localisés dans des structures cérébrales impliquées dans le traitement émotionnel de l’information et dans la mémoire. Ce processus favoriserait la transformation des réseaux de neurones qui sous-tendent le souvenir traumatique et en atténuerait la portée en permettant au patient de mieux intégrer l’information selon laquelle il est désormais en sécurité. »

https://presse.inserm.fr/canal-detox/lemdr-pour-traiter-le-stress-post-traumatique-vraiment

Pour en savoir plus en pratique, voir l’article: 

https://www.doctissimo.fr/html/psychologie/dossiers/hypnose/8118-hypnose-emdr-servan-schreiber.htm

 

3.2 Thérapie Mosaïc

*Basée sur les neurosciences, l’EMDR et la stimulation sensorielle, la thérapie MOSAIC consiste à éviter au patient la souffrance liée à l’exposition des mémoires traumatiques. Ce qui en fait un outil plus facile à utiliser à la fois pour le patient qui n’a pas besoin de « revivre » son traumatisme, et pour le thérapeute, tout en bénéficiant de l’efficacité validée de l’EMDR.

Stéphanie Khalfa a créé la thérapie MOSAIC (Mouvements Oculaires et Stimulations Alternées pour l’Intégration Cérébrale) en 2019 avec le Docteur Poupard lui-même créateur de la Thérapie solutionniste expérientielle TSE https://www.poupard.fr/therapie-solutionniste-experientielle/

Stéphanie Khalfa est psychologue clinicienne, docteure en Neurosciences, enseignante, elle participe à des recherches sur l’exploration du fonctionnement cérébral lié à l’EMDR. Thérapeute EMDR, elle est aussi formée à l’hypnose éricksonienne, le neurofeedback, l’IFS (Internal family system)**…

Si les indications de la thérapie Mosaïc sont principalement centrées sur des troubles psychologiques plus ou moins sévères (psycho-traumatismes, addictions, troubles dépressifs, anxieux, alimentaires, …) il existe aussi un module de formation dit « transpersonnel ».

*« La psychologie transpersonnelle s’intéresse aux états non ordinaires de conscience : l’extase, le sentiment de connexion avec l’Univers, la conscience aiguë de son être profond, la transcendance et le dépassement de soi. Ces états représenteraient l’actualisation des besoins supérieurs de l’être humain, de ce qui existe au-delà de la personnalité et de son conditionnement. Transpersonnel invite le praticien à accéder à un degré supérieur de spiritualité et de conscience qui implique nécessairement l’abandon de l’égo. »

*https://therapiemosaic.com/ 

**Pour en savoir plus sur l’IFS, voir https://ifs-association.com/internal-family-systems-modele-therapie-ifs/#onglet-tout-sur-le-modele-ifs

 

3.3 Brainspotting ou NTCV Neuro-thérapie par le champ visuel

Dans cette technique récente dérivée de l’EMDR, le thérapeute utilise le champ visuel pour trouver un point (spot), le patient garde alors le regard immobile et évoque intérieurement l’expérience en rapport en pleine conscience.  

Le Brainspotting a des résultats significatifs sur l’ESPT (État de Stress Post-Traumatique) et les troubles dissociatifs post-traumatiques ainsi que les troubles précoces de l’attachement, les affections psychosomatiques et en particulier les douleurs aiguës ou chroniques, les psychopathologies courantes, ainsi que les performances sportives et artistiques.

https://www.ietsp.com/quest-ce-que-le-brainspotting

En vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=CBcTxW9dUeo

 

4 Technique de libération émotionnelle, ou EFT, basée sur le tapotement de certains points du corps. Voir pour découvrir son histoire et sa pratique :

https://www.guerisonducoeur.com/eft-lib%C3%A9ration-%C3%A9motionnelle

Selon une étude publiée en 2019, par Donna Bach et coll, L'EFT clinique (Techniques de liberté émotionnelle) améliore plusieurs marqueurs physiologiques de la santé. En conclusion « Les revues et méta-analyses de l'EFT démontrent qu'il s'agit d'une pratique fondée sur des données probantes et que son efficacité contre l'anxiété, la dépression, les phobies et le SSPT (Syndrome de stress post-traumatique) est bien établie. Les recherches portant sur les améliorations physiologiques après une intervention EFT sont limitées ; cependant, cette étude s'ajoute au corpus de la littérature et suggère que l'EFT est associée à des améliorations multidimensionnelles dans un spectre de systèmes physiologiques. »

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6381429/

 

9 octobre 2023

ENOC hypothèses cérébrales; Alternatives aux psychédéliques

ENOC et fonctionnement cérébral, hypothèses

Actuellement, grâce aux études des psychédéliques en particulier, les chercheurs forment des hypothèses de plus en plus solides pour expliquer le mode de fonctionnement normal du cerveau et l’impact de substances ou de techniques le modifiant dans ses structures.

C’est le réseau du « Mode par défaut », « Default Mode Network » (DMN) qui est le plus étudié, il est impliqué dans les processus de mémoire, de conscience de soi et des émotions. Il est plus actif quand le cerveau n’est pas occupé à une tâche précise, mais quand on laisse les pensées s’enchaîner.

https://www.insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/un-nouveau-modele-du-reseau-cerebral-du-mode-par-defaut

Il s’est développé au fil de l’évolution chez l’homme, lui procurant un avantage certain. « Ce réseau pourrait être essentiel pour l’intelligence, la pensée et la conscience humaine. » « Le DMN aide les humains à anticiper le futur. Il permet de percevoir le monde sous différentes perspectives, de trouver des solutions, de savoir comment donner de la valeur aux informations dans notre environnement et de prendre de bonnes décisions pour l’avenir. » Mais il est aussi le réseau des ruminations, de la représentation du monde et est impliqué dans la dépression, le stress post traumatique… En effet le DMN organise les données de nos perceptions pour les élaborer en cohérence avec notre modèle de référence et leur donner du sens.

https://www.lebigdata.fr/big-data-secret-psychedeliques

Heureusement le réseau du mode par défaut ou DMN peut se modifier et c’est l’espoir thérapeutique des psychédéliques, mais aussi de pratiques alternatives sans substances.

 

ENOC : pratiques, alternatives thérapeutiques

1 TRANSE

1.1 Techniques de respiration et transe

1.1.1 Respiration holotropique

" Le Travail de respiration holotropique a pour but de s’ouvrir à d’autres champs de conscience. Il s’inspire de différentes méthodes d'exploration de la conscience, dont le chamanisme qui a toujours misé sur les expériences d'états altérés pour accélérer le travail psychospirituel. "

https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=respiration_holotropique_th

1.1.2 L’hyperventilation volontaire est utilisée par de nombreux peuples et depuis des milliers d'années… 

https://www.esanum.fr/today/posts/lhyperventilation-volontaire-et-ses-effets-psychedeliques

 

1.2 Transe cognitive auto induite

Elle est adaptée d’une certaine forme de transe chamanique, grâce à Corine Sombrun dont nous avons déjà relaté le parcours. (METTRE LIEN)

Elle a élaboré en équipe des boucles de sons capable d’induire une transe chez la majorité des participants qui avec de l’entraînement peuvent même s’en passer. Des formations existent, prioritairement pour des soignants (médecins, psychologues, infirmiers…). Elles ont aussi été testées en école d’art. En effet la transe libère la créativité. Ses effets thérapeutiques sont en cours d’évaluation en particulier en oncologie (douleurs et émotions des patients suivis pour cancer au CHU de Liège). Pour Antoine Bioy psychologue, hypnothérapeute et universitaire, l’expérience de la transe pourrait libérer les patients de ruminations douloureuses en les « ouvrant à une autre réalité d’eux-mêmes ». Corine Sombrun forte de son expérience personnelle dit qu’en état de transe, on peut retravailler l’intégration de traumatismes.

https://www.lesechos.fr/weekend/perso/pourquoi-les-scientifiques-sinteressent-a-la-transe-1384522

Les effets de la transe cognitive auto-induite peuvent être comparés aux effets des psychédéliques sur le réseau du Mode par défaut du cerveau (DMN) avec de même pour certaines personnes des effets difficiles liés à la levée d’inhibition : angoisse, émergence de traumatismes... La transe induit une modification de la temporalité et dissolution de la conscience du soi, une modification des perceptions du corps (douleur diminuée, force augmentée...). Elle modifie les perceptions sensorielles, induit un sentiment de sérénité, de force intérieure et une sensation d’unité avec le vivant…

https://psycurieux.ca/2023/03/06/transe-cognitive-auto-induite-la-ou-chamanisme-rencontre-psychologie/

En 2022 puis 2023, Corine Sombrun et son équipe ont mis sur pied un Congrès scientifique autour de la Transe Cognitive Auto-Induite réunissant chercheurs, scientifiques, médecins et soignants à un niveau international.

Voir le compte rendu très détaillé de toute la démarche et des découvertes récentes concernant la Transe cognitive auto induite, article de Dominique Nora pour le Nouvel obs (mai 2023) du congrès de 2023 : 

https://www.nouvelobs.com/societe/20230527.OBS73834/quand-une-chamane-cartesienne-francaise-forme-des-scientifiques-a-la-transe.html

En téléchargement sur : https://violenceverbale.hypotheses.org/745

 

2 MEDITATION

2.1 La méditation, de pleine conscience principalement, inspirée de pratiques de type bouddhiste, a fait preuve de son efficacité, validée par la neuro-imagerie, en particulier pour éviter les rechutes de dépression, aider à lutter contre la douleur, mais aussi contre le vieillissement cérébral et favoriser une meilleure santé (en agissant sur l’immunité, le système cardio-vasculaire…). La méditation est entrée à l’hôpital en complément des traitements et pour éviter les rechutes de dépression. Elle est maintenant enseignée dans certaines universités françaises aux médecins et thérapeutes.

https://www.martinbilodeau.com/meditation/les-neurosciences-valident-les-bienfaits-de-la-meditation/

L'apprentissage de la méditation de pleine conscience aide le cerveau à se défaire de l'addiction aux antalgiques selon une étude menée par Eric Garland et son équipe à l'Université de l'Utah (États-Unis) publiée fin 2022. « L'amélioration semble liée à l'apparition d'ondes thêta entre 4 et 8 hertz, visibles par électroencéphalographie (EEG) à l'avant du cerveau des patients, dans des zones liées au contrôle de soi, à l'attention et à la concentration. »

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/la-meditation-pour-se-liberer-des-opioides_167698

Pour en savoir plus en pratique sur l’application médicale de la méditation de pleine conscience, voir l’interview de Stéphany Orain-Pelissolo, psychologue et psychothérapeute. https://www.france-assos-sante.org/2018/05/16/la-meditation-pleine-conscience-appliquee-au-champ-medical/

La neuro-imagerie de méditants confirmés et débutants en méditation a permis de mieux comprendre le mode de fonctionnement de base du cerveau impliqué dans certains troubles de fonctionnement mental et surtout de préciser le mode d’action de la méditation. Avec la pratique, on observe la neuroplasticité avec des modifications de structure du cerveau et de son fonctionnement. 

En 2010, Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert ont publié dans la revue Science une étude mettant en évidence que le vagabondage mental qui est le mode de fonctionnement habituel rend malheureux. Or c’est le réseau du mode par défaut, RMD en français (DMN) qui y est associé et il est d’autant plus actif lorsque l’esprit n’est pas focalisé. Dissocier l’esprit des ruminations mentales, des émotions destructrices répétitives et des comportements impulsifs et addictifs est une capacité particulièrement intéressante mise en œuvre en particulier par la méditation.

https://www.coursimago.com/blog/meditation-et-sante (page de blog avec de nombreuses références)

Une étude publiée en 2007 sur la méditation de pleine conscience a été menée par Normal Fab et coll à Toronto. La neuro-imagerie montre une « dissociation neuronale fondamentale entre deux formes distinctes de conscience de soi qui sont habituellement intégrées mais peuvent être dissociées grâce à un entraînement attentionnel : le soi à travers le temps et dans le moment présent. » Ce ne sont donc pas les mêmes structures cérébrales qui sont sollicitées.

« Cette hypothèse de réorganisation corticale suite à la MT (méditation) est cohérente avec l'idée selon laquelle la MT permet un mode expérientiel distinct dans lequel les pensées, les sentiments et les sensations corporelles sont moins adoptés comme étant bons ou mauvais ou faisant partie intégrante du "soi" » et traités davantage comme des événements mentaux transitoires qui peuvent être simplement observés… De plus en plus de preuves qu'aborder l'expérience de soi à travers une approche plus fondamentale centrée sur le présent pourrait représenter un aspect essentiel du bien-être humain »

https://www-ncbi-nlm-nih-gov.translate.goog/pmc/articles/PMC2566754/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr 

Mais l’entrainement à la Méditation suppose une bonne motivation et du temps d’entrainement puis de pratique régulière. Même si cette pratique devient le nouveau mode de référence d'un fonctionnement cérébral favorable et avec de réels effets thérapeutiques comme nous l’avons vu, ce n’est facile de s’y engager. Pour mieux comprendre l’intérêt de changer notre mode de fonctionnement habituel, rappelons que Matt Killingsworth, chercheur et psychologue « a découvert que ce qui rend les gens les plus heureux, c'est d'être pleinement présent dans le moment et que plus notre esprit vagabonde, plus nous sommes malheureux. » En effet « le problème n'est pas que nous ayons des pensées négatives. Le problème vient quand nous croyons que nos pensées sont vraies. Lorsque vous n'êtes plus empêtré dans vos pensées, elles perdent leur emprise sur vous et perdent leur pouvoir de générer des émotions désagréables. »

https://www.psychologue.net/articles/4-cles-pour-surmonter-les-pensees-negatives-et-les-transformer

 

2.2 Induction d’ondes cérébrales 

Nous avons vu qu’à l’EEG la méditation s’accompagnait d’ondes cérébrales particulières, dont les ondes Thêta.

Signalons le Neurofeedback, pratiqué actuellement en centre hospitalier, qui permet au pratiquant par la visualisation sur écran d’apprendre à se concentrer afin d’amplifier la production de ces ondes.

La stimulation magnétique transcrânienne, technique hospitalière, est parfois utilisée dans le même but, dans le cas de douleurs récurrentes.

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/la-meditation-pour-se-liberer-des-opioides_167698 

Caisson d'isolation sensorielle : Elmer et Alyce Green étaient des chercheurs spécialisés en étude de la conscience et biofeedback (en particulier avec de grands méditants tibétains, dans les années 70-80), à la clinique Menninger, au Kansas. Ils ont observé que « le rythme thêta créait une nouvelle sorte de conscience du corps très liée au bien être total. Sur le plan physiologique, le rythme thêta semblait amener « la guérison et la régénération physiques ». » Or la flottaison augmente la production des ondes thêta. L’utilisation de caisson d’isolation sensorielle, permet d’en favoriser l’émergence sans endormissement.

https://jeflotte.com/blog/comment-entrer-dans-un-rythme-cerebral-theta-grace-aux-caissons-d-isolation-sensorielle

 

Yoga nidra

Il est aussi appelé Yoga du sommeil ou yoga du rêve. Il procure un état de relaxation profonde à la frontière entre veille et sommeil. C’est le moment où les ondes cérébrales Thêta sont les plus fréquentes. La pratique favorise la réduction du stress, il peut aider à guérir les blessures psychologiques et aider ceux qui font face à la dépression et à la dépendance. Il peut favoriser des expériences spirituelles avec des notions d’unité, plénitude, bien-être profonds. Le yoga nidra est adapté de pratiques orientales pour être mis à disposition aux occidentaux.

« L’une des plus populaires est le yoga nidra de Richard Miller, fondateur de iRest Yoga Nidra... L’armée Américaine a approuvé l’utilisation du Yoga Nidra iRest en qualité de médecine complémentaire et alternative en 2010. » Et ce en particulier pour les syndromes de stress post-traumatique.

https://therapeutesmagazine.com/yoga-nidra/

Sur le site « iRest », on trouve cette explication : « Le réseau par défaut est l'endroit où nous créons un sentiment de passé et de futur. C’est là que notre sens distinct de soi existe. C’est également là que se produisent les préjugés négatifs et les pensées négatives en boucle. Lorsqu'un traumatisme est présent, ce réseau par défaut est activé avec le système limbique et l'amygdale et les gens ne peuvent pas en sortir. Ils sont pris dans des boucles récursives et ne peuvent pas maintenir le contexte. Lorsque nous pratiquons la méditation, la pensée récursive est désactivée. On sort du mode survie et on voit les choses plus directement. Nous sommes capables d’être attentifs et de rester présents. Une autre façon de dire cela est que lorsque nous méditons, le réseau par défaut se régule à la baisse et le réseau centré actuel se régule à la hausse. »

https://www.irest.org/blog/interviews-nondualism/four-common-nonduality-questions-answered

En pratique sur le yoga nidra, site en français avec vidéos :

https://www.sleepie.fr/comment-bien-dormir/yoga-nidra

 

Sons binauraux ou isochrones 

L’utilisation de sons pour modifier les ondes cérébrales est une technique ancestrale. L’essor du numérique a permis un accès facile, en tout cas plus qu’avec le tambour chamanique traditionnel. Nous avons vu que Corinne Sombrun et son équipe utilisent des boucles de sons pour induire la Transe cognitive auto-induite. 

Les sons isochrones sont émis sur une fréquence stable avec un battement rapide. Les sons binauraux s’écoutent au casque car la fréquence est différente pour chaque oreille, c’est le cerveau qui en extrait un seul son dont la fréquence correspond à la différence des fréquences d’émission.

https://www.gaiameditation.com/fr/sons-isochrones-sons-binauraux/

Pour en savoir plus sur un plan pratique, voir le site de l’Institut Monroe. https://www.institutmonroe.fr/syncronisation-hemispherique

Brigitte Forgeot psychologue clinicienne a étudié l’impact des sons binauraux en thérapie de relaxation et cognitivo-comportementale. Son mémoire de Master en 2006 portait sur « Les sons binauraux, effets cliniques et neuropsychologiques; perspectives d'applications. »

En ce qui concerne les ondes thêta, elle note : « Les sons binauraux dont la différence de fréquence est de 4 à 8 Hz induisent des ondes thêta dont Schacter (1977) a dressé la liste des effets dans une méta analyse. Elles sont associées à des états subjectifs de relaxation profonde, de méditation et de créativité (Hiew, 1995). Les ondes thêta favorisent l'apprentissage en améliorant la concentration et la focalisation détendue sur une tâche (Pawelek, 1985). Plus récemment, en 2005, Butnik a montré l'intérêt du neurofeedback dans le traitement du trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité chez des adultes et des adolescents. »

Dans sa conclusion on lit : « Relativement développée aux États-Unis et au Canada mais quasiment confidentielle en France, l'utilisation des sons binauraux dans les prises en charge, que ce soit en neuropsychologie, en médecine, ou en psychopathologie, sera espérons-nous amenée à se développer. Si par ce travail nous avons apporté à cette technique une « coloration » neuropsychologique, il faut savoir que de nombreux cliniciens outre-Atlantique l'utilisent dans un dispositif de type psychanalytique, afin de favoriser l'élaboration, la verbalisation, les associations libres, la vie fantasmatique, la réminiscence des rêves, le travail sur les émotions etc. »

https://www.memoireonline.com/01/07/325/sons-binauraux-effets-cliniques-et-neuropsychologiques.html

Notons que si les études concernant les effets en particulier potentiellement thérapeutiques ne sont pas assez concluantes actuellement, l’usage commercial sous forme de « drogues numériques » s’est rapidement développé, principalement dans les pays anglo-saxons.

https://chmpsy.com/2020/05/10/les-sons-binauraux-sont-ils-vraiment-benefiques/

Une enquête a été menée en 2021 dans 22 pays, conduite par Monica J. Barratt et collègues. L’article est paru dans la revue Drug and Alcohol, 2022, sous le titre Qui consomme des drogues numériques ? Une enquête internationale auprès des consommateurs de « battements binauraux ».

Les personnes interrogées utilisaient le plus souvent les battements binauraux « pour se détendre ou s'endormir » (72,2 %) et « pour changer d'humeur » (34,7 %), tandis que 11,7 % ont déclaré essayer « d'obtenir un effet similaire à celui d'autres drogues ».                                            

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/dar.13464

Dans son Mémoire pour le diplôme d’audioprothésiste, Anthony Morlot, en 2012 a étudié Les drogues numériques et ondes binaurales : I-Doser, phénomène de mode ou réel danger ? Il note que sous des appellations évoquant des effets de drogues, les produits sont dans la gamme des ondes alpha. « Lorsque nous fonctionnons au rythme cérébral Alpha les deux hémisphères de notre cerveau sont en parfaite harmonie rythmique, ce qui nous permet d'avoir une vision plus globale des choses. » « En aucun cas ces fichiers sonores peuvent reproduire l‟effet d‟une drogue telle que décrite auparavant. A regarder les effets relatifs à l‟onde Alpha de plus près, on peut se dire que I-doser utilise donc une combinaison entre un marketing agressif autour du thème des drogues, une utilisation de la théorie des ondes binaurales et d‟une autosuggestion des personnes pour justifier le succès de son logiciel. »

Et s’il « existe bien des interactions entre les ondes Alpha et la mémoire de travail, l‟anxiété et donc l’humeur », il cite l’avis de Mme Forgeot paru dans Le Parisien sur le danger potentiel des drogues numériques : « Les drogues numériques pourraient, à la longue, créer des dysfonctionnements cérébraux chez l'auditeur, et aboutir, par exemple, à des troubles du sommeil ou des crises d'angoisse... Cela étant, ces troubles devraient disparaître en cas d'arrêt des doses. Au-delà, la consommation de drogues numériques peut surtout être révélatrice d'un mal-être qui doit attirer l'attention des parents. ».

https://hal.univ-lorraine.fr/hal-02095408/document

 

9 octobre 2023

ENOC, Etats mystiques, intérêt, critères

Les ENOC, Etats non ordinaires de conscience, et surtout les états mystiques par l’intensité de l’expérience vécue modifient les références de la conscience personnelle. Pour un certain nombre d’expérienceurs l’effet se poursuit pendant des années. Ce n’est pas forcément facile à vivre car le changement de représentation modifie les valeurs et impacte le comportement dans toutes les sphères de la vie. Cela peut déstabiliser l’entourage ou même remettre en question les choix de vie et les relations préalables.

Mais c’est cette transformation parfois radicale qui est recherchée en tant qu’effet thérapeutique comme nous l’avons vu avec les psychédéliques. Elle survient aussi après une EMI, Expérience de mort imminente, dont la fréquence augmente avec les progrès de la médecine et en particulier de la réanimation. Dans son ouvrage de mai 2021, Comment leur mort a changé leur vie, Ed Eyrolles, Cécile Cloulas dit que près de 4% de la population mondiale a vécu une EMI, sans préjuger de son intensité.

Extrait du résumé : « L'expérience de ces témoins constitue une ouverture pour chacun d'entre nous, en nous montrant ce que leur propre mort leur a appris sur la vie et sur la manière dont nous pouvons tous pleinement la vivre. Cécile Cloulas, psychologue, apporte un éclairage sur les sujets abordés au cours de ces témoignages : la perception de la mort, du sens de l'existence, notre relation aux autres, le rôle du corps, des biens matériels, mais aussi l'expression de l'âme, le lien avec les défunts, la foi et l'amour. »

https://www.fnac.com/a15755426/Cecile-Cloulas-Comment-leur-mort-a-change-leur-vie

 

L’induction d’une transformation dépend de la profondeur de l’expérience. Nous allons examiner maintenant quelles sont les caractéristiques des ENOC ou des états mystiques permettant d’évaluer leur intensité et donc leur retentissement sur la vie de l’expérienceur.

Actuellement l’outil utilisé est le MEQ, (Mystical Expérience Questionnaire ; Questionnaire d’expérience mystique), révisé par Maclean et coll, à partir de celui de Walter Stace, philosophe britannique.

Mysticisme, comprenant quatre des catégories de Stace.

Unité interne – « Expérience d'unité en relation avec un « monde intérieur ».

Unité Externe – « Conscience de la vie ou de présence vivante en toutes choses»

Qualité noétique (de conscience intellectuelle) – « Gain de connaissances approfondies expérimentées à un niveau intuitif. »

Sacré – « Sentiment d’être à une hauteur spirituelle. » 

Humeur positive « Sentiments de paix et de tranquillité. »

Transcendance du temps et de l'espace – « Sentiment d'être « hors du temps », au-delà du passé et du futur.

Ineffabilité – « Sentiment que l’expérience ne peut pas être décrite de manière adéquate avec des mots. »

https://psychedelicreview.com/what-is-the-mystical-experience-questionnaire/

  

Eléments de spiritualité des ENOC

Dans les items du MEQ (Questionnaire d’expérience mystique), on retrouve des termes en rapport avec la spiritualité. Pour Lemieux et ses collègues, la spiritualité est la recherche d'un sens profond à la vie, à ses événements et d'une énergie créatrice. Elle agit comme motivation et engagement de la personne envers des valeurs telles que l'amour, l'espoir et la beauté.

Spiritualité | Cairn.info

La spiritualité a longtemps été associée à la religion, une évolution récente permet de l’envisager de façon indépendante et surtout comme une fonction fondamentale de l’être humain dans son rapport avec l’âme et la transcendance. Pour Frédéric Lenoir, auteur Du bonheur voyage philosophique, ed Fayard, 2013, « la spiritualité est le passage de l’ignorance à la connaissance et celui de la peur à l’amour. »

Quelles sont donc les transformations vécues par les expérienceurs d’états mystiques sans préjuger de leur cause ?

Une grande majorité affirme avoir vécu une expérience spirituelle (plus rarement religieuse). L’élément le plus marquant est une expérience d’amour inconditionnel (le plus souvent dans une lumière intense « bienveillante »). Une « revue de vie » met en valeur l’importance de la bienveillance, du respect dans chaque acte de la vie quotidienne. Le sens de la vie et son importance devient évident avec souvent le sentiment d’être relié aux autres, à l’environnement et tout ce qui est vivant et aussi relié à une force ou énergie transcendante. L’expérienceur apprécie différemment la vie, avec émerveillement parfois et gratitude. La peur de la mort disparaît, elle peut même être souhaitée tant elle semble corrélée à un état de béatitude, de paix profonde. Cependant le suicide n’est plus une option car la vie apparaît comme l’occasion de faire des expériences qui font grandir l’âme et pour certains leur mission de vie leur semble dès lors évidente. L’amour, la compassion deviennent des valeurs fortes.

https://lappeldularge.ch/les-differents-phenomenes-paranormaux/les-experiences-de-mort-imminente/les-changements-de-comportement-apres-une-emi/les-changements-de-valeurs-spirituelles-apres-une-emi/

 

William Miller, Professeur de psychologie et de psychiatrie à l'Université du Nouveau-Mexique, a mené des recherches sur la psychologie du changement. Avec ses collègues il a publié en 2001 Quantum Change: When Epiphanies and Sudden Insights Transform Ordinary Lives. Ed Guilford. Il nomme « changement quantique », traduction de « quantum change » ces transformations psychiques soudaines et de longue durée, survenues après des ENOC. (voir note ci-dessous)

Selon leurs recherches, un "changement quantique" bouleverse le système de valeurs d'une personne. Le gain le plus important est la priorité accordée à la spiritualité, qui est passée du tiers inférieur à la première place pour les hommes et à la troisième place pour les femmes. Les hommes sont devenus moins machistes et matérialistes, montrant une baisse importante des valeurs de réussite, d’aventure, de confort, de renommée, de plaisir, de pouvoir et de respect (des choses que les femmes considéraient au départ comme faibles). Les priorités des femmes se sont rapprochées de celles des hommes grâce à une moins grande importance accordée aux valeurs féminines traditionnelles telles que l'intégration, la fidélité aux autres, la sécurité et la maîtrise de soi. Même si la famille reste en tête des deux listes. « Il semble que tout dans le monde intérieur de la personne ait changé pour le mieux : les émotions ; valeurs; spiritualité; sentiment de soi et croissance personnelle; relations significatives; et la compréhension du passé, du présent et du futur. Mais il est également vrai que le changement ne se produit pas d’un seul coup. Beaucoup (…) ont souligné que leur expérience n’était pas seulement un événement, mais le début d’un processus continu. » 

https://www.spiritualityhealth.com/articles/2012/01/28/anatomy-quantum-change

Note à propos de « quantum change » traduit par « changement quantique ».

Quanta est un terme signifiant une quantité déterminée (une certaine quantité de). En physique « quanta » désigne la plus petite quantité indivisible, que ce soit de matière, d’énergie… D’où le mot de « quantique » qui s’applique à la physique dans l’infiniment petit (l’atome) et non sur des ensembles de l’ordre du visible, en particulier sur l’humain et donc les thérapies revendiquant ce terme. Et ce même si certains postulats de physique quantiques rejoignent des principes de philosophies orientales.

Pour en savoir plus sur cet aspect, voir :

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/10/10/la-medecine-quantique-de-fausses-therapies-qui-surfent-sur-les-revolutions-de-la-physique-quantique_6145232_1650684.html

 

Pour résumer les changements les plus importants vécus par les expérienceurs :

Ressentir l’amour inconditionnel (se savoir aimé), accéder à un état de paix profonde, de sérénité.

Eprouver de la gratitude, de l’émerveillement.

Comprendre que la conscience de soi est une illusion (avec changement de cadre de référence, en particulier dans les cas de dépression, d’addiction…).

Se détacher des valeurs matérielles, consuméristes.

Se sentir relié à tout ce qui vit et à la terre, prendre conscience du sens de sa vie.

Prêter attention à l’impact de nos actes : respect, bienveillance, compassion.

Privilégier l’amour.

Ces changements peuvent paraître enviables et surtout déterminants pour l’avenir de l’humanité dans le contexte des dangers planétaires dont nous avons maintenant connaissance de façon quasi quotidienne. Mais ils sont le plus souvent survenus après des expériences souvent dramatiques (réanimation en particulier) ou dans des cadres thérapeutiques peu accessibles. Heureusement il existe maintenant des alternatives permettant de faire l’expérience d’ENOC et du moins d’obtenir des transformations de nos représentations, ce qui est aussi parfois thérapeutiques.

Par ailleurs, nous constatons que cela correspond aux repères fondamentaux de la majorité des religions et des philosophies orientales (bouddhisme…). Et même à l’objectif de la philosophie occidentale pratique (et non universitaire !) de vivre plus heureux.* Ainsi André Comte-Sponville dit que si elle ne nous aide pas à être heureux ou moins malheureux, à quoi sert la philosophie ?  Frédéric Lenoir affirme que c’est possible …" en modifiant nos pensées, nos croyances ou les représentations de nous-même et du monde."

(*Prologue du livre de Frédéric Lenoir Du bonheur voyage philosophique, Ed Fayard, 2013.)

 

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3 octobre 2023

Nouvel intérêt pour les ENOC : Thérapie psychédélique

La thérapie psychédélique est basée sur l’utilisation de psychotropes qui induisent des ENOC (Etat non ordinaire de conscience) plus ou moins intenses selon la dose utilisée et ce dans un contexte d’accompagnement psychothérapique et de surveillance médicale. Les protocoles actuels demandent un encadrement lourd et coûteux qui en limitent l’accès envisageable de façon élargie.

Aux Etats-Unis, dans certains pays d’Europe des études sont menées depuis les années 2000 pour étudier les effets des psychédéliques et comprendre les mécanismes cérébraux impliqués en particulier grâce à la neuroimagerie. En France, ces substances tombent sous le coup de la loi, mais des études sont en cours.

 https://www.inserm.fr/actualite/therapies-psychedeliques-une-panacee/

En Suisse, l’hôpital de Genève traite des patients en « psychothérapie assistée par psychédéliques ».

https://www.esanum.fr/today/posts/suisse-la-psychotherapie-assistee-par-psychedeliques-disponible-a-lhopitalfederico-seragnoli

 

Les indications de ces thérapies, sont les troubles de stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété, des addictions. Et les résultats sont parfois impressionnants avec la résolution du problème du patient en une seule dose. L’effet de transformation du comportement et des représentations est d’autant plus important que l’état mystique est atteint (dépendant de la dose utilisée le plus souvent) Mais il peut y avoir des effets psychiques négatifs nécessitant une équipe bien formée pour aider le patient à les dépasser.

 

Le mode d’action des psychédéliques est semble-t-il élucidé, en agissant sur les récepteurs à la sérotonine à l’intérieur des neurones pour induire une neuroplasticité immédiate qui explique leur effet de « remodelage » thérapeutique.

Mars 2023 : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/comment-les-drogues-psychedeliques-remodelent-le-cerveau_169966

Août 2023 : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/les-psychedeliques-restaurent-la-plasticite-cerebrale-25451.php

 

Dans un article de Juillet 2023, une étude par imagerie cérébrale sur la DMT menée au Centre de recherche sur les psychédéliques à Londres, sous la direction du Professeur Carhart-Harris précise :

« La DMT peut produire des altérations de l’état de conscience intenses et immersives, caractérisées par des visions vives et bizarres [et] le sentiment de "visiter" des réalités ou des dimensions alternatives », ont-ils déclaré.
À des doses suffisamment élevées, les descriptions de rencontres avec des « êtres » ou des « entités » sont fréquentes. Les « trips » sous DMT ont des similitudes avec les expériences de mort imminente et l’état de rêve, tout en maintenant l’état d’éveil. 

« De telles expériences ontologiquement perturbantes se sont révélées corrélées à des changements ultérieurs concernant les croyances métaphysiques et la santé mentale »

https://www.univadis.fr/viewarticle/comment-les-psych%25C3%25A9d%25C3%25A9liques-affectent-les-fonctions-2023a10007e0

 

Selon un article de 2017, Christopher Letheby, philosophe « a soutenu dans sa thèse que les psychédéliques peuvent à juste titre être considérés comme apportant une compréhension plus profonde de nous-mêmes et du monde qui nous entoure. »

En modifiant les repères de perception ordinaires les psychédéliques permettent l’expérience d’autres modèles et remettent donc en question, parfois de façon immédiate, l’illusion de représentation du réel du patient. Ainsi les patients prennent conscience que « le monde entier dans lequel ils habitent est produit et existe dans leur conscience. »

https://bigthink.com/mind-brain/this-philosopher-thinks-psychedelic-drugs-lead-to-the-truth-of-experience-4/

 

Pour en savoir plus :

- Un article général sur la thérapie psychédélique:

https://www.carenity.com/infos-maladie/magazine/actualites/questce-que-la-therapie-psychedelique-et-comment-peutelle-etre-benefique-pour-notre-sante-mentale-1996

- Une vidéo datée d’avril 2022 : présentation par Louis Plourde de son mémoire de maîtrise (Faculté de théologie de Laval, Québec).

Expériences mystiques, sciences cognitives, thérapeutique psychédélique

https://www.youtube.com/watch?v=2ZO6cG8yZt8&t=711s

Extrait : Hypothèse de Carhart-Harris et coll (2014) sur le processus thérapeutique par « désintégration du MPD », Mode par défaut du cerveau. Aussi appelé « Default Mode Network » (DMN). 

 

En conclusion, l’effet thérapeutique des psychédéliques, par remodelage des connections neuronales, passe par l’induction d’un ENOC (Etat non ordinaire de conscience) et surtout d’un état mystique modifiant les représentations et le rapport au monde du patient. Ces changements sont analogues à ce que vivent les expérienceurs d’EMI (Expériences de mort imminente) ou NDE (Near death experience).

 

16 juin 2023

ENOC et transcendance : un enjeu de société.

Nous avons vu qu’en anthropologie les ENOC ont des points communs : « Selon Michel Nachez dans sa thèse de 1999, les ENOCs apparemment différents (OBE-sortie du corps, NDE-mort imminente, rêve lucide, transes de type OBE) sont en fait de même nature. Les ENOCs représentent le pont, le lien entre l’univers chamanique, le vécu du Sacré et la psychologie des profondeurs telle que décrite par Carl Gustav Jung. »

De même l’anthropologue Danielle Vermeulen, a écrit en 2007, NDE et expériences mystiques d'hier et aujourd'hui. Elle notait « l'impact individuel et social » de ces expériences, à la fois pour les expérienceurs qui dans une proportion non négligeable voient leur vie profondément modifiée, mais aussi pour tous ceux qui s’y intéressent : chercheurs, scientifiques, journalistes, rédacteurs et lecteurs ou spectateurs des médias…

Le sociologue Jacques Morin dans son mémoire* de 2015 met en évidence l’impact des EMI sur la société par le biais des neurosciences qui s’affrontent sur ce sujet entre deux paradigmes scientifiques : le matérialiste et le dualiste « post-matérialiste ». Pour le premier tout est matière, la conscience est un phénomène cérébral, qui cependant n’explique pas les expériences mystiques vécues lors d’EMI. Le deuxième évoque un modèle de « cerveau quantique » capable de capter dans certaines circonstances des niveaux de Conscience délocalisée, mais les controverses sont encore importantes.

Dans une interview de Jacques Morin en 2017 à l’occasion de la présentation de son livre L'expérience de mort imminente et la survie de l'âme : un conflit entre scientifiques, l’enjeu majeur de ce conflit est ainsi évoqué : « les matérialistes luttent pour conserver leur position de domination dans ce champ scientifique, tandis que les dualistes cherchent à les supplanter et à imposer un nouveau paradigme qui révolutionnerait, rien de moins, la science moderne ainsi que la conceptualisation de la nature et de la conscience humaine. En effet, confirmer la survie de l'âme viendrait certainement chambouler la condition humaine. Elle reste cependant encore à être démontrée.»

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1033487/experience-mort-eminente-tunnel-lumiere-dualistes-materialistes-jacques-morin-acfas

Dans son mémoire*, Jacques Morin souligne que « les impacts d'une telle révolution ne se situent pas strictement au niveau scientifique, mais aussi au niveau sociologique. Le champ scientifique possède cette capacité de véhiculer et de transposer ses représentations symboliques dans les sociétés en métamorphosant la conscience individuelle qui, elle, aura une incidence sur la conscience collective des sociétés; ce que souligne d'ailleurs le neuroscientifique Beauregard en entrevue au sujet des implications sociales d'une hypothétique preuve scientifique de l'immortalité de la conscience humaine: ça aurait des répercussions sur le plan des comportements individuels, sur le plan éthique… ».

*https://archipel.uqam.ca/8112/1/M14035.pdf

 

Mais quels sont ces bouleversements liés aux ENOC dans leur dimension mystique à fort retentissement sur la vie concrète ? Ils sont liés au type d’expérience vécue quel que soit l’événement déclencheur. 

Nicolas Roussiau, Professeur en psychologie fait le point dans un article intitulé Les expériences sur le sentiment mystique (Journal des psychologues 10/2012, N° 303), https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2012-10-page-38.htm :

Walter Pahnke en 1963 a réalisé une expérience avec des étudiants en théologie. Il  « a utilisé dans sa recherche huit catégories pour évaluer la dimension mystique et une catégorie pour évaluer les changements d’attitudes et de comportements :

-La première aborde le sentiment d’unité, qui est une caractéristique importante du vécu mystique où l’on peut distinguer l’unité interne, c’est-à-dire que le sujet peut ressentir l’équivalent d’une dissolution de l’identité personnelle, une perte de soi, et l’unité externe, un sentiment où l’on est une partie d’un grand tout.

-La transcendance du temps et de l’espace. On peut tenter de l’illustrer avec les termes de « sensations d’éternité » ou « d’infini ».

-La troisième caractérise un état d’esprit positif profond, organisé autour des sentiments de joie, de bonheur, de paix et d’amour.

-La dimension sacrée, un vécu qui conjugue les sentiments de respect, d’intuition, d’émerveillement et d’émotion.

-Le sens de la réalité objective, catégorie qui comporte deux éléments qui sont liés, la certitude que ce que l’on vit est absolument objectif, pour le dire autrement « on est dans le vrai », et cette connaissance est à la fois intuitive et acquise par l’expérience directe.

-La sixième dimension est dénommée « paradoxale ». Elle se traduit par des oppositions logiques (présent / absent ; plein / vide ; froid / chaud…), mais qui ne sont pas perçues comme telles dans le vécu de l’expérience mystique (par exemple, on peut se vivre à la fois comme présent et absent).

-La dimension de l’ineffable, qui rend compte de l’impossibilité de traduire avec précision l’expérience mystique ; elle est au-delà des mots.

-La huitième catégorie renvoie à l’aspect éphémère de l’expérience, cette caractéristique indique que l’état mystique est transitoire, qu’il ne peut pas être vécu indéfiniment.

-Une dernière catégorie, indépendante des huit autres, concerne les changements positifs d’attitudes et de comportements. Elle est divisée en quatre groupes : changement vis-à-vis de soi-même, des autres, de l’existence, et vis-à-vis de l’expérience mystique elle-même. Ce dernier point signifie que la personne a vécu cette expérience comme précieuse et qu’elle lui semble importante et utile dans sa vie. »

25 ans plus tard les étudiants concernés « évoquent des changements spirituels plus importants dans leur existence ».

Ces résultats ont été confirmés dans une étude de 2006 puis 2008 par Roland Griffiths et son équipe à l’université Johns-Hopkins (Baltimore) avec prise de substance psychédélique et cadrage religieux et spirituel.

« Les résultats les plus surprenants restent les effets « positifs » à très long terme au niveau des attitudes, des émotions et des comportements avec une augmentation de l’altruisme et de la satisfaction de vie. 

Comme le signale Roland Griffiths (2008), il est rare qu’une recherche en psychologie produise des effets positifs aussi durables à la suite d’une seule expérience en laboratoire. 

Mais aussi il « signale à de nombreuses reprises qu’une utilisation de ces substances dans un contexte où il n’y a pas de supervision médicale et-ou religieuse peut déclencher de la peur et de l’anxiété avec des comportements à risque. »

 

Eric Dudoit est Docteur en Psychologie clinique et Psychopathologie, Enseignant (Soins palliatifs). Il témoigne de son expérience personnelle et professionnelle (travail en oncologie et soins palliatifs):

**« Je crois que les expériences de mort imminente nous montrent que le sens de la vie est tout autre que ce que l'on croit. Ce n’est ni gagner de l’argent, ni avoir une belle voiture, mais c’est comme le dit un expérienceur de se poser la question « Comment j’ai aimé ? » et non pas « Qui j’ai aimé ? » et « Comment j’ai pu mettre ma vie au service des autres ? ». Je pense que la notion de service, au sens noble du terme, pas au sens de la servitude, est très importante et nous permet de vivre plus en harmonie avec les autres.

Maintenant, j’essaie au maximum de vivre et de profiter de l’instant présent. Et dans cet instant présent, j’ai la perception de la globalité de ce que décrit le phénomène des EMI c’est-à-dire le sentiment que quelque chose est juste, pas au sens de la justice mais de la justesse. »

**https://blogs.mediapart.fr/tayeb-laabi/blog/200718/eric-dudoit-la-spiritualite-n-est-pas-opposee-la-laicite

 

En 2013 Eric Dutoit a publié avec Eliane Lheureux, psychothérapeute, Ces EMI qui nous soignent Ed. S17. https://www.fnac.com/a5920952/Eliane-Lheureux-Ces-EMI-qui-nous-soignent-Experiences-de-Mort-Imminente

Résumé « Dans le contexte de notre société où la mort est taboue, l'appréhension de la fin de vie revêt des enjeux professionnels, personnels, émotionnels et psychiques importants. L'utilisation des témoignages d'EMI comme le récit d'un mythe est un véritable potentiel thérapeutique pour les personnes en fin de vie et peut constituer un précieux « outil » pour les soignants que ce soit à l'attention des patients ou de leurs proches (en ce qui nous concerne, également à l'attention des soignants). Il ne s'agit pas de raconter une simple histoire mais bien d'opérer une profonde mutation du sujet humain. »

 

En 2018 parait Croyances sociales Spiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses, ouvrage dirigé par Nicolas Roussiau, Ed In Press.

https://www.fnac.com/a11071835/Nicolas-Roussiau-Croyances-sociales

Résumé : « Réflexions sur le besoin humain de lire la réalité au travers de croyances. Ce questionnement s'étend à leurs conséquences à la fois sur l'environnement, la santé ou le lien social (de la théorie du complot aux phénomènes sectaires en passant par la psycho oncologie). »

Lors d’une interview menée par Delphine Thomas (DT) à l’occasion de cette parution, https://carnets2psycho.net/pratique/article354.html

 Nicolas Roussiau (NR) précise :

« Les croyances sont bien évidemment une caractéristique fondamentale et indispensable du fonctionnement humain. La question du sens que l'on donne à son environnement et à sa vie conditionne l'existence de chacun, les suicides sont justement l'aboutissement d'un essoufflement de sens pour un individu. La science ne répond pas à la question : quel est le sens de ma vie ?
Les croyances qui s'inscrivent dans le domaine de la pensée sociale et qui sont le produit d'une pensée que l'on peut qualifier de naturelle le peuvent. Notre existence varie donc de l'émotion à la raison et le curseur qui fait varier nos idées et nos comportements est le produit d'une combinaison complexe entre l'individu, sa personnalité et l'environnement, conjoncturel et/ou culturel dans lequel il évolue.
L'homme rationnel n'existe pas, c'est un fantasme qui, sous bien des aspects, peut paraître rassurant mais qui présente aussi une inquiétante conception de l'individu. La question à laquelle nous devons répondre est comment vivre avec les croyances dans un monde pourtant saturé par des valeurs rationnelles ?

(DT) La spiritualité semble jouer un rôle important dans le domaine de la santé. Aussi, de plus en plus de scientifiques s'intéressent à ce sujet. Toutefois, ils se trouvent confrontés à quelques problèmes méthodologiques ; à commencer par la définition même du terme "spiritualité" et des a priori qu'il suscite sur sa nature a-scientifique et son lien supposé avec la religion.

(NR) Le sens commun et l'idéologie religieuse associent la spiritualité au domaine religieux, mais la spiritualité peut se passer de la religion, encore faut-il s'accorder sur la définition qu'on lui donne.

Dans les sciences humaines et notamment en psychologie on définit la spiritualité comme la combinaison de plusieurs dimensions : sens de la vie, transcendance, notion de sacré, altruisme, connexion avec la nature et même émerveillement.

 Il est vrai qu'en France, le sujet de la spiritualité, et même de la religion, est beaucoup moins étudié que d'autres en psychologie. Les spiritualités religieuses et a-religieuses sont des domaines d'études novateurs et nous développons à l'université de Nantes toute une série de recherches et des travaux de thèses (dont certaines ont déjà été soutenues) sur les liens entre spiritualité et santé, mais aussi entre spiritualité et environnement."

 

C’est donc un constat. Les phénomènes d’expériences mystiques, en particulier lors d’EMI, considérés comme des « anomalies » dans le modèle scientifique matérialiste, mettent en évidence une caractéristique humaine dont on a cru pouvoir se passer grâce à la science rationnelle : la spiritualité. Or c’est par le biais des neurosciences qu’elle apparaît comme une donnée désormais incontournable et pourrait même faire changer notre civilisation occidentale de cadre de réflexion global, voire peut-être évoluer vers un nouveau paradigme scientifique "post-matérialiste".

28 mars 2023

Spiritualité, maladie, cancer.

Le lien entre la maladie et le psychisme est avéré, pourtant prétendre que toute maladie a une origine psychosomatique et peut donc être vaincue par une démarche psychologique, (voire psychiatrique) ou encore mieux, spirituelle, est pour le moins extrême.

Et ce même s’il existe des guérisons spectaculaires grâce à ce type de démarche et qu’à défaut de guérir, elles peuvent soulager, améliorer l’état de la personne, mais il serait abusif d’en attendre à coup sûr le miracle.

 

Dans notre société contemporaine, il existe un impératif de bonne santé physique et de bien-être psychologique. De là à développer un impératif de guérison, il n’y a qu’un pas exploité par l’espace marchand de la santé et de la spiritualité.

Les malades subissent une double peine, celle de leur maladie et celle de ne pas guérir. Il suffit que la maladie résiste aux « bons » traitements médicaux ou même au diagnostic pour être renvoyé par le corps médical au psychologique et adressé au psychiatre. Et si la personne a une démarche spirituelle, c’est l’incompréhension : comment, avec ta spiritualité, tu es malade ?

Le Docteur en théologie, Dominique Solin note* que « On ne supporte plus une image de soi (ou d’autrui) « dégradée », comme on dit. C’est sur ce fond que s’est développé, avec plus ou moins de naïveté, l’impératif de guérison. Le psychothérapeute doit me guérir, Dieu peut me guérir. » C’est mal comprendre la spiritualité et surtout confondre le psychologique et le spirituel. ( ) Le Christ « guérit de la mauvaise conscience de ne pas être en bonne santé, de ne pas être pétant de vitalité et de gaieté » « La vraie santé, en effet, comme la « grande santé » selon Nietzsche, est compatible avec la maladie du corps et de l’esprit. »

*https://www.cairn.info/revue-etudes-2013-2-page-197.htm

 

Le Père Pitaud** écrit: "Il faudrait d'ailleurs s'entendre sur le mot même de guérison. Dans le domaine psychologique, guérir, ce n'est pas forcément voir disparaître toutes les difficultés, mais c'est souvent apprendre à vivre avec, à les assumer, à les intégrer dans le dynamisme vital, pour qu'elles cessent d'être un frein à ce dynamisme."

**https://www.la-croix.com/Definitions/Lexique/Guerison/Guerison-psychique-ou-spirituelle

 

Le bouddhisme donne aussi des repères face à cette attitude moderne de refus de la maladie.

« Comment se fait-il que nous nous sentions coupables des douleurs et des maladies que nous rencontrons dans la vie ? C’est une souffrance mentale qui vient s’ajouter à ce qui arrive tout naturellement. Vous pouvez toujours manger du riz complet, méditer régulièrement, faire de l’exercice ou ne manger que des légumes, mais vous n’échapperez peut-être pas au cancer et certainement pas à la mort ! »

« Dites-vous qu’il est normal d’être malade, qu’il est normal d’avoir le cancer, qu’il est normal que les gens meurent, qu’il est normal d’avoir des douleurs de temps en temps. Ne pensez pas que c’est anormal, ne pensez pas que c’est une erreur, ne pensez pas que c’est mal. Acceptez mentalement cet aspect de la vie et vous pourrez lui faire face et apprendre à le gérer. »

http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/a_brahm/attitude_bouddhiste_douleur.html

 

Même de grands sages ou spirituels ont souffert de maladies chroniques ou de cancers. Citons le Dalaï Lama qui souffre d’un cancer depuis de nombreuses années et qui n’hésite pas à bénéficier de la médecine moderne pour des soins et opérations.

https://www.liberation.fr/france/2016/09/13/le-dalai-lama-bien-entoure-a-paris-mais-sans-honneurs-officiels_1495999/

 

Krishnamurti penseur spirituel du XXeme siècle, avait une santé fragile, il se dit sauvé par la Théosophie dont il se détache plus tard pour développer sa propre pensée. Il souffre de bronchite chronique et après son expérience d’éveil il a de violents maux de tête (pendant près de 40 ans).

Ramana Maharshi, grand sage indien du XXème siècle est décédé des suites d’un cancer.

Ramakrishna, mystique et gourou hindou du XIXème est décédé d’un cancer de la gorge.

Pour nourrir notre réflexion sur ce paradoxe, évoquons l’histoire de ce moine bouddhiste vivant dans un ashram. Il était atteint d’une maladie chronique qui l’obligeait parfois à rester allongé. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il était malade alors qu’il était d’une haute spiritualité, il répondait « je suis un être humain, la maladie peut toucher tous les êtres humains, pourquoi voudriez-vous que je sois épargné ? ».

 

De même pensons à l’histoire exemplaire de David Servan-Schreiber, brillant neurologue, auteur de livres « anti-cancer » et anti-stress de grande valeur, décédé d’une tumeur cérébrale et celle de Christiane Singer, auteure, conférencière, d’une profonde spiritualité décédée en quelques mois d’un cancer.

David Servan-Schreiber écrit : « me donner à fond dans le moment présent et en toute quiétude nourrit la vie et donne du plaisir à vivre. Me voilà tout équipé pour affronter avec courage et au quotidien la transition de la vie à la Vie ».

Christiane Singer témoigne : « Ce qui est bouleversant, c’est quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout… Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’amour ».

17 mars 2023

La pensée magique, faculté normale du cerveau humain, croyance occulte

Nos sociétés occidentales ont fait de la pensée rationnelle le modèle dominant, ce n'est pas le cas dans des sociétés plus traditionnelles ou non occidentales. La littérature latino-américaine abonde en exemples de ce qui est nommé "réalisme magique", une vision du monde où s'entremêlent réalité ordinaire et événements magico-cultuels.

"La perspective critique du réalisme magique en tant que conflit entre la réalité et l’anomalie découle de la dissociation du lecteur occidental avec la mythologie, une racine du réalisme magique plus facilement comprise par les cultures non occidentales."

https://www.hisour.com/fr/magic-realism-2865/

Le réalisme magique "produisant un décloisonnement de la conscience ou, selon les termes de Wendy B. Faris, un « ré-enchantement de la réalité ordinaire », appelle également une nouvelle définition de la frontière, espace de conjonction, non plus d’opposition, entre naturel et surnaturel, soi et autre."

https://journals.openedition.org/amerika/1164

La pensée magique serait à la base de la conception du réel, en particulier dans les pays non occidentalisés. A cet égard le témoignage de Gabriel Garcia-Marquez, écrivain sud-américain, prix Nobel de littérature en 1982, est éclairant :

« Dans les Caraïbes, et plus généralement en Amérique latine, nous pensons que les situations « magiques », font partie de la vie quotidienne, au même titre que la réalité la plus banale. Il nous paraît tout naturel de croire aux présages, à la télépathie, aux rêves prémonitoires comme à toute une foule de superstitions et d'interprétations « fantastiques » de la réalité. Dans mes livres, je ne cherche jamais d'explication, ou de justifications métaphysiques de ces phénomènes. C'est pourquoi je me considère comme un écrivain réaliste, un point c'est tout. »

https://fr.unesco.org/courier/octobre-1991/entretien-gabriel-garcia-marquez

La pensée magique semble donc pour une grande partie des populations non occidentalisées un mode de fonctionnement ordinaire, ce qu'elle a été en Occident aussi de nombreux siècles. Des recherches modernes, en particulier grâce à l'apport des neurosciences réhabilitent ce mode de pensée.

"L'attrait pour les croyances magiques reposerait, selon Pascal Boyer, psychologue et anthropologue à l'Université de Washington à St-Louis, sur la circuiterie du cerveau. Croire que ses propres pensées ou un rituel ont un pouvoir, ou encore qu'un signe fortuit soit de bon augure, aurait pour fonction de rassurer, de réduire les craintes du quotidien et d'éviter ainsi une certaine détresse. En excès, précise-t-il, la pensée magique peut conduire à la compulsion ou au délire."

http://www.psychomedia.qc.ca/fonctionnement-psychologique/2007-01-27/pensee-magique-et-superstition-nuisibles-chez-l-adulte

La pensée magique présente certains avantages évolutifs dans l'histoire humaine et des bienfaits au quotidien. *Ainsi Matthew Hutson, journaliste scientifique dans un article de Mai 2012 pour le New York Times affirme que « nous sommes tous des mystiques », à un certain degré, « la pensée magique est la pensée par défaut ». Autrement dit, nous sommes tous spontanément conduits à former des raisonnements « superstitieux ».

Bien des « lois psychologiques » énoncées par Hutson retrouvent les aspects de la religion populaire chère à Robert McCauley, spécialiste de la science cognitive de la religion : comme celle qui consiste à voir, même dans des événements aléatoires, l’expression d’un sens profond, d’un dessein caché. Autre exemple, l’animisme, qui prête des intentions à l’ensemble des objets du monde vivant…

Le New Scientist dans un numéro spécial en 2012 « Science de Dieu » regroupe des articles qui vont en ce sens.  Un premier nous informe que les enfants sont « naturellement religieux », qu’ils ont tendance à voir dans les événements aléatoires l’expression de la volonté d’agents. Un second insiste sur le rôle fondamental des religions dans la naissance des civilisations. La religion accroitrait l'esprit de coopération, explique l’auteur, et faciliterait les comportements sociaux en donnant à chacun l’impression d’être surveillé par des êtres surnaturels.

*https://www.lemonde.fr/blog/internetactu/2012/05/18/les-bienfaits-de-la-pensee-magique/

Actuellement en Occident il n'y a pas que les neuroscientifiques et spécialistes du comportement humain qui s'intéressent au phénomène, la pensée magique sous différents aspects, en particulier la sorcellerie, fait en retour en force. En 2021 dans un article de Vogue**, un des plus grands magazines de mode, Floriane Reynaud enquête pour son lectorat essentiellement féminin:

"La sorcellerie est aujourd’hui partout. Cela fait sourire les sceptiques mais n’empêche pas la “discipline” d’envahir l’espace médiatique, culturel et commercial. 

Judith Vielle qui a ouvert une école de « sorcellerie » la présente comme une connexion de l’humain avec le vivant qui l’entoure. La spiritualité, c’est en partie chercher sa place dans l’univers, en particulier dans un monde qui s’est complètement éloigné de notre nature primaire. « Ce n’est pas un hasard que la sorcellerie et l’écoféminisme connaissent un regain simultané. » 

La journaliste féministe et auteure Taous Merakchi, alias Jack Parker exprime cependant sa crainte que les adeptes s’enferment dans ce système. « Ce qui m'importe personnellement, c'est de ne pas sombrer dans une forme d'obscurantisme régressif ou tout ça fait loi et devient la seule vérité et le seul référent pour prendre des décisions. » 

Judith Vielle rajoute : « Je suis contre la vision dogmatique de la sorcellerie parce que je pense qu’il départit les personnes de leur capacité de discernement et de leur responsabilité individuelle. On ne peut pas laisser ce dogme régir nos vies, parce que cela représente un danger et une perte de libertés fondamentales. »"

**https://www.vogue.fr/culture/article/sorcellerie-moderne-sorcieres-oracle-magie

 

La pensée magique étant un mode de fonctionnement habituel, il ne faut pas s’étonner que le recours aux personnes considérées comme étant dotées de « pouvoirs » soit toujours aussi répandu. Dominique Camus, ethnologue, s’intéresse depuis de nombreuses années aux pratiques magiques actuelles en France. Un sondage Ifop publié le 16 mars 2023 constate une hausse des croyances des Français concernant les phénomènes irrationnels ou paranormaux depuis quelques années. Plus d’une personne sur deux reconnaît une croyance occulte.

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-03-20/les-francais-croient-ils-vraiment-plus-qu-avant-aux-sorcieres-et-aux-fantomes-392b0c37-bb83-45b2-a593-95be7c49f8d9

 

Qu'en est-il dans le domaine de la guérison?

Les guérisons inexpliquées ("miraculeuses") existent, mais elles sont rares. "Une guérison miraculeuse pour 300 000 malades, toutes pathologies confondues ; une pour 100 000 concernant les cas de cancers." Parfois on retrouve la volonté de guérir, la croyance en sa propre guérison, dans d’autres, le hasard, la foi ou le " miracle ".

https://www.alternativesante.fr/sante/guerisons-extraordinaires-au-dela-des-certitudes-medicales

 

Des groupes se créent avec la promesse de guérison. Nous n'en citerons qu'un, qui a été signalé comme de tendance sectaire: le Cercle des amis de Bruno Gröning. C'est l’un des plus grands mouvements pour la guérison par voie spirituelle dans le monde actuellement.

Bruno Gröning est un supposé envoyé de Dieu sur terre décédé en 1959 à l’âge de 53 ans d’un cancer de l’estomac. Or paradoxalement, l'homme aurait réalisé des miracles de son vivant et permis des guérisons inespérées.

https://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/09/27/le-divin-cherche-adeptes

 

11 janvier 2023

Bibliothérapie

Estelle confrontée à des phénomènes totalement inédits pour elle et sans référence théorique pour comprendre ce qui lui arrive cherche dans des livres tout au long de son parcours. Les citations sont extraites du Trésor des Laures  http://tresordeslaures.canalblog.com/

 

1/ Après son premier AVC et ses expériences perturbantes qui la projettent dans d’autres dimensions, elle découvre Jung, psychiatre contemporain de Freud et explorateur de l’inconscient collectif.

J'ai découvert Jung et il m'a sauvée du désespoir. Ce que je lisais m'a plu tout de suite parce que lui, faisait quelque chose de toutes ces perturbations psychiques. Quelle que soit l'intensité des formes délirantes, c'est à intégrer, à travailler et c'est un processus d'individuation. C'est mieux que de se dire : « Bah non, t'es complètement folle ma pauv' fille, et voilà tout. »  

Attends, trois enfants, un boulot, des responsabilités, 38 ans... 38 ans et ta vie est foutue ? Mais non. J'ai choisi la vision de Jung.

Lorsqu’Estelle parle de ses rêves répétitifs centrés sur Mandro, Alicia, (son amie psychologue) lui propose une interprétation possible en s’aidant des concepts de Jung. Elle les lie à une réinterprétation de la « cote d’Adam » d’où selon la tradition biblique serait née Eve la première femme.

ce rêve est relié à ta vie et il en fait intimement partie. Si tu as lu un peu Jung, tu sais qu’en chacun de nous existe un personnage de l’autre sexe dont nous ne sommes pas habituellement conscients. Jung l’appelle « anima » pour l’homme, « animus » pour la femme. Tant que nous ne le reconnaissons pas en nous, dans notre propre inconscient, ce personnage essaie de prendre le pouvoir dans notre vie en se rendant parfois nuisible ou en nous mettant dans des situations impossibles. Par contre, si nous descendons à sa rencontre en nous-mêmes et l’acceptons comme un vrai partenaire, c’est un guide fabuleux pour faciliter notre individuation, car il est en contact avec l’âme grâce aux symboles. Or comme tu le sais, ce sont les symboles qui dirigent notre vie inconsciente et agissent sur le déroulement même de notre vie, bien que par orgueil ou par ignorance, nous ne voulions pas l’admettre.

 Je suis surprise et dis :

- Si je comprends bien, ce personnage fait partie de moi à mon insu et sait plus de choses que je n’en sais. Comment est-ce possible ?

- C’est un des mystères de notre vie. Nous sommes ainsi faits. À l’intérieur de nous une aide nous est donnée comme compagne ou compagnon afin d’intégrer notre part inconsciente et devenir progressivement un humain accompli. Ce serait le sens véritable de l’épisode de la « côte d’Adam » biblique (Genèse 2) mal traduit de l’hébreu. La côte signifie en fait « l’autre côté ». C’est d’ailleurs pendant un état de torpeur, de sommeil (et donc de songe), qu’apparaît ce « côté » sous forme d’un personnage que l’homme reconnaît comme un élément de lui-même. Il le qualifie d’os de ses os, chair de sa chair et il aura à l’épouser pour devenir Homme.

Je réagis vivement :

- C’est étonnant cette idée d’une identité à part entière et pourtant inconsciente qui serait réellement présente dans l’être ou du moins sa représentation. Si je comprends bien, comme nous ignorons ce processus, il nous pourrit la vie. Nous revendiquons très fort notre liberté, pourtant cette part inconnue nous influence à notre insu et nous mène toujours dans les mêmes pièges.

- Bingo ! s'exclame Alicia. Cependant, nous sommes libres d’apprendre notre mode de fonctionnement et de coopérer à notre croissance. De même, nous sommes libres de nous croire victimes des aléas de la vie en choisissant d’ignorer cette Loi liée à notre nature. Tant que nous restons coupés de cet autre côté de nous-mêmes, de notre vie profonde qui pourtant détermine directement la qualité de notre vie réelle, nous nous sentons soumis aux caprices du destin.

- Je n’avais pas compris. Dans ma situation, l’homme de mon rêve serait mon « animus » ! Je vais y réfléchir. Moi qui croyais que l’inconscient n’avait aucun intérêt dans la vie ordinaire et qu’il valait mieux éviter d’y penser, cela m’ouvre des horizons, même si je ne connais rien du chemin à suivre avec le cavalier errant ! Et surtout je suis soulagée. Ainsi, tout ce que j’éprouve, les personnages de mes visions, les messages pour Mandro, c’est uniquement à usage personnel, cela n’a pas de sens dans la réalité. Je vis sur un plan intérieur, pour ma propre évolution, ce qu’il est hors de question de vivre dans la réalité. C’est bien cela ? 

La lecture de Ma vie  de Jung aide Estelle à faire face à l’emprise d’une entité psychique, puis à comprendre des phénomènes de type « synchronicités »

C’est tout d’abord la découverte de Jung grâce à son livre Ma vie. Extrait :

« Ce qui surtout importe, c’est la différenciation entre le conscient et les contenus de l’inconscient. Il faut en quelque sorte isoler ces derniers, les personnifier puis établir en partant de la conscience un contact avec ces personnages. C’est seulement ainsi qu’on peut leur soustraire de leur puissance qu’autrement ils exercent sur le conscient. Cette technique n’offre pas de difficultés particulières, mais se familiariser avec le fait général de l’autonomie de contenus inconscients est une tout autre « paire de manches ».

… Elle vit pleinement ce que Jung appelait la « synchronicité », quand les événements extérieurs sont en correspondance avec ce qui se vit intérieurement. Sur la voie de la Réalisation de soi, l’Individuation, on devient très sensible au phénomène et cela permet d’avancer en sécurité. »

  

2/ Dans la continuité de Jung, elle découvre sa proche collaboratrice, Marie-Louise Von Franz. Elle est citée en épigraphe, ce qui donne le ton à l’objectif principal d’Estelle.

La loyauté à la loi intérieure est le plus haut degré du sentiment. Ce qu’on cherche en réalité est la source de vie et que l’énergie coule en nous. Le but véritable est de sentir la vie couler en soi de telle sorte qu’elle ait un sens.

On trouve l’origine de cette citation, (tirée de L’interprétation des contes de fées) dans les propos d’Alicia

En écho à ce que je viens de lui confier, Alicia me fait part de ce que M. L. Von Franz écrit au sujet de l’eau « de la vie » dans les contes de fées :

"C’est par les rêves qu’on peut atteindre le flot souterrain de la libido inconsciente et se rendre compte de la direction du courant afin d’y adapter notre mouvement conscient. Ce sentiment de vie persistera alors même si des événements pénibles se produisent. Au contraire une personne peut tout posséder matériellement, si le flot de vie l’a quittée, rien de tout cela ne la satisfera. Ce qu’on cherche en réalité est la source de vie et que l’énergie coule en nous.

« L’eau de vie » est l’image de l’expérience mystique, celle-ci étant l’expérience de la plus haute intensité vitale.

LE BUT VERITABLE EST DE SENTIR LA VIE COULER EN SOI DE TELLE SORTE QU’ELLE AIT UN SENS.

La voie pour y parvenir nécessite une obéissance lucide sans à priori à ce qui vient du plus profond de l’être et s’exprime en particulier dans les songes et les rêves. Cette voie mène dans une autre dimension où des présences se manifestent, des forces implacables s’exercent pour conduire l’être aux limites de sa raison, de son intelligence à la découverte de sa vraie patrie, celle que chaque être cherche désespérément sans la connaître mais qu’il reconnaît avec une certitude jubilatoire quand après les épreuves imposées par le franchissement de ses propres limitations, il y accède enfin.

La difficulté principale est d’accepter ce territoire immense pour « royaume » propre, d’intégrer toutes ces forces contraires provenant de l’inconscient pour devenir un individu pleinement conscient. Cependant pour accéder à cette maîtrise, il faut d’abord se laisser guider dans un monde qui a ses propres règles et son autonomie propre.

Ce renoncement au despotisme de la fonction rationnelle, au mode de fonctionnement banal de l’individu, cette soumission est paradoxalement structurante, elle permet l’expression non plus des règles étouffantes d’un petit moi limité mais des lois gouvernant l’Univers et donc l’Humain dans sa ressemblance sacrée.

Celui qui juge ce processus selon son mode de pensée habituel ne peut le comprendre et cela lui paraît dangereusement absurde. Celui qui accepte d’entendre l’appel de cette voie et d’y répondre par son engagement total, en découvre l’évidence et la grandeur. Ce mystère pour être approché doit être vécu pleinement dans la transformation de l’être qu’il engendre. Cet être n’est alors plus isolé dans une vision du monde déformée par ses projections aberrantes et n’est plus ballotté au gré d’absurdes ou cruels événements dans un monde hostile.

L’intérieur et l’extérieur sont en correspondance et l’être perçoit les coïncidences signifiantes entre eux, ce qui balise sa progression. Il accède à la Réalité ultime se manifestant sous divers modes : esprit (expression psychique de l’individu) et matière (monde physique). C’est une nouvelle Connaissance d’un être unifié utilisant « l’œil du cœur », nouvel organe d’un savoir centralisant toutes les manifestations de l’esprit relié à l’Esprit universel.

Ainsi l’homme accédant à cette Connaissance est en Paix, toutes les fonctions de son esprit s’unissent pour la perception de l’ensemble des phénomènes et des événements dans un tableau global dont il saisit le Sens, manifestation du principe mystérieux, source et origine de toute forme."

Ce nouveau témoignage réconfortant confirme la valeur de l’enseignement délivré par mes guides. La recherche vitale de ma propre vérité au travers de cette histoire aboutirait à cette perspective fabuleuse de l’univers et des forces cosmiques unifiées dans l’Énergie primordiale située hors de l’espace et du temps. Je comprends l’importance de la « clé » donnée dès le début par Jil : « Apprends à aimer ».

3/ Estelle redécouvre Platon.

ma recherche d’ouvrage de références. Le hasard m’en a offert un. Lors d’un diner amical en tout début d’année 99, l’un des convives, un artiste sculpteur s’est mis à parler de l’amour selon Platon dans le Banquet. C’était une forme de réponse à mes questions concernant l’amour hors normes pour Mandro. Il nous a raconté les origines d’Éros, dieu de l’Amour.  Pour les Grecs, Éros est le fils du manque (pauvre de tout, toujours en désir, en quête) et de l’expédient (plein de ressources et de capacités d’évolution). Et en effet, l'’amour nous confronte à l’expérience du manque et à la souffrance qu’il engendre, mais il nous invite aussi à la quête du beau grâce à la force du désir poussé jusqu’à la transcendance, au-delà de la Beauté éternelle, du Bien. Là où se trouve finalement l’unité, le « Un » ou Dieu selon les croyances.

« Éros fait éprouver la passion dans le manque, le désir inassouvi. Sous un autre aspect, il procure l’amour bienveillant et généreux (Philia en grec) pour celui ou celle qui nous est aimable (l’enfant, l’ami, le conjoint). Enfin sous sa forme la plus élevée, il nous conduit à l’amour divin (Agapé en grec, Caritas en latin), l'amour pour l’autre, l’étranger. Cet amour véritable n’est pas déterminé par la valeur de ce qu’il aime, sans motif ni justification, il est gratuit, spontané et délivré de l’attachement qui fait tant souffrir. Cet amour fait renoncer à soi-même pour laisser exister l’autre selon sa valeur propre ainsi révélée.

- Superbe ! Le Banquet est un grand classique, remarque Alicia, que nous devrions relire de temps en temps. Platon, un ami pour la vie !

- C’est tout à fait ça, j’étais comblée et c’était pour moi un profond soulagement, une joie immense comme si dans ma nouvelle dimension, je découvrais des amis qui validaient ce que je vivais. Nous en avons d’ailleurs discuté avec Georges, lui aussi a apprécié et cela nous a rapproché encore. Je me suis dit que j’étais sur la voie de la compassion, sentiment méconnu, souvent décrié mais capable de voir en l’autre le reflet de l’être dans sa plénitude et donc de l’accueillir dans sa vérité sans rien exiger de lui.

4/ Alicia évoque alors l’auteure qui était « prévenue » selon l’entité, Annick de Souzenelle, auteure entre autres du Symbolisme du corps humain. Estelle lui avait écrit tout comme elle l’avait fait à Mandro, pour obéir à ce qui lui était demandé.

- Oui, je n’espérais pas de réponse d’une personne aussi connue. Je pensais que si la mission envers Mandro m’avait été présentée comme difficile, celle-ci relevait sûrement de l’impossible. Or contre toute attente, en réponse à ma lettre cette écrivaine-conférencière pourtant très sollicitée m’a invitée à venir la voir. J’ai passé une heure délicieuse à ses côtés, elle m’a questionnée avec délicatesse, et nous avons été très rapidement sur la même longueur d’onde. Je lui ai parlé des derniers événements de ma vie en rapport avec Mandro. Elle semblait me comprendre comme si elle lisait en moi. Elle a employé les mots de mes guides, amour, confiance et obéissance aux consignes du monde spirituel. Elle était effectivement « pré-venue », c’est-à-dire venue avant dans la dimension spirituelle et grâce à elle j’ai compris la validité des enseignements de mes guides et surtout que pour les comprendre il fallait sortir des sentiers battus et du premier degré ! Elle m’a embrassée au moment de partir pour une conférence à l’étranger, c’était émouvant.

- Sur quoi sa conférence ? demanda Alicia.

- L’essentiel de son travail porte sur les enseignements traditionnels judéo-chrétien en remontant à la source hébraïque pour ce qui concerne les étapes de la vie, le symbolisme du corps, son image spirituelle (principalement sous forme d’un « arbre de vie »).

« Pour elle, d’après ce que j’ai compris, l’inconscient est appelé « l'inaccompli », il est le lieu d'un potentiel inaccompli, de lumière non encore montée à la conscience, prisonniers que nous sommes de nos ténèbres psychiques nous soumettant à nos conditionnements familiaux, pour ne pas dire générationnels et enfin à nos pires instincts animaux. Comme Jung, elle dit possible et souhaitable d'établir une communication avec l'inconscient pour justement ne pas en être le jouet et en recevoir ce qui est nécessaire à notre montée en conscience, vers « l’accompli ».

- Vaste programme, remarque Alicia.

- A qui le dis-tu ! Après cette entrevue fabuleuse, je savais que j’avais été bien guidée et même si cela m’entraînait sur des chemins inconnus, j’étais probablement sur la bonne voie.

5/ Alicia évoque aussi Mme Guyon

… tu découvres tout à fait par hasard la biographie de personnes ayant vécu le même type d’aventure, cette femme du XVIIIème siècle, Jeanne-Marie Guyon qui à dix-huit ans s'éveilla sous « l'influence de la grâce divine » à une vie intérieure et fut dirigée ensuite sur « les sentiers de l'amour divin ». Vers quarante ans elle vit avec Fénelon, pourtant très réticent au départ, une union spirituelle sous la forme de prière silencieuse transmise de cœur à cœur.

- Oui, c’était exactement ce qu’il me fallait à ce moment. En l’absence d’attirance réciproque entre eux, Madame Guyon reçoit des visions concernant Fénelon tandis qu’elle médite. Son consentement lui est demandé par le biais de voix intérieures. Elle le donne et est alors investie d’une sorte de « mission » de filiation spirituelle. Ne pouvant résister à cette pression, elle finit par écrire à Fénelon ce qui lui est demandé, espérant qu'au-delà de son expression personnelle limitée par ses pauvres capacités, il saura discerner ce que Dieu lui donne. Elle se sent comme une médiatrice et tout comme l'ont éprouvé d’autres personnes engagées dans cette voie de service spirituel, si elle ne fait pas ce qui lui est demandé par obéissance, elle se sent mal et va mal.

… selon l’expérience de Madame Guyon, la docilité lucide mais totale à l’Inconscient semblait, dans cette histoire, être la suprême Sagesse qui mène à l’Esprit.

6/ Puis de nouveau la jungienne, M-L Von Franz

Un livre de M. L. Von Franz découvert à la bibliothèque (« Nombre et temps ») éclaire ce que je vis. "L’Amour est la force absolue, l’Énergie fondamentale qui relie toute chose de l’univers au niveau le plus profond. L’Amour humain est encombré de projections dont il est nécessaire de nous débarrasser pour devenir authentiquement nous-mêmes et accéder à l’Amour source.

La Connaissance est au-delà du désir, de l’attrait sentimental pour l’autre, elle en est le mystère central. Un ordre spirituel dépassant le conscient est l’essence de la relation d’amour. L’ordre cosmique du Soi est le secret ultime (insondable et redoutable au-delà de tout souhait et de toute action humaine)."

7/ Estelle cite aussi Maître Eckhart

Maître Eckhart, qui en particulier parle du détachement : le détachement est au-dessus de l’amour, de la compassion, de l’humilité.

8/ Elle découvre Antoine Faivre, spécialiste de l’ésotérisme.

Selon lui, le sujet connaissant (autrefois appelé « gnostique ») serait une sorte de mystique devenu capable de communiquer sur ses propres expériences pour rendre compte des révélations reçues.

J'y trouve des correspondances avec mon histoire et cela apaise momentanément ma raison toujours sujette au doute. Je suis sur le chemin d’évolution vers la Connaissance, une certaine forme d’Éveil. Cette Connaissance intérieure fait renaître, libère, unifie, permet d’explorer les rapports unissant l’homme au monde divin et surtout les mystères des plans supérieurs de conscience.

Je découvre peu à peu un savoir (ou peut-être « non-savoir » ?) difficilement transmissible par le langage, puisqu’il ébranle les structures de l’être et impose un travail d’appropriation avant d’être accessible : il ne suffit pas d’exprimer verbalement des images ou des vérités existentielles, elles doivent agir en profondeur pour transformer et conduire au-delà du temps et de l’espace dans l’infini de l’Esprit.  « Connaître » est réellement « naître avec », en étant modifié dans la profondeur de sa chair et de son esprit par ce savoir.

« L’imagination active » enseignée par Jil semble être la clé essentielle de cette Connaissance. Elle permet d’échapper à la stérilité de la logique rationnelle et aux dérèglements d’une fantaisie délirante ou d’une sentimentalité désespérante. Elle protège des dangers d’erreur de l’imagination inférieure et semble être un véritable organe de l’âme capable de mettre en relation avec le monde des symboles.

C’est une voie d’accès à la Sagesse sacrée qui opère la mutation intérieure de l’homme, sa métamorphose grâce à la révélation des choses cachées et de la lumière de la vie. Cette voie est adaptée aux capacités et à la progression de l’être. La conscience invitée à ce fabuleux voyage accède peu à peu à un niveau supérieur d’intelligence, là où contradictions et antagonismes sont transcendés. Parvenu à ce stade, l’être participe concrètement à une forme d’interdépendance globale qui œuvre en vue de l’accomplissement humain. Savoir ce que l’on est et d’où l’on vient, la sagesse antique l’a toujours affirmé, c’est déjà pour une part être en bonne voie de salut.

Pour moi, une des conditions fondamentales de réussite dans cette périlleuse entreprise est de me laisser guider par le moteur infiniment puissant de l’AMOUR dans le respect fondamental de l’autre et la compassion.

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Conscience en expériences
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