Analyse du témoignage d'Estelle Suite et fin
7 SENTIMENT DE JOIE PROFONDE, DE PLENITUDE. EXPERIENCE DE TENDRESSE, AMOUR.
7.1.1. Fin de pulsions suicidaires, remplacées par un sentiment d’union libérateur.
… Pour la première fois dans ces circonstances, alors que je n’étais même plus capable d’espérer un secours, tu étais là. Tu étais le rocher sur lequel j’ai repris appui et sans lutte épuisante pour émerger de la tempête, tu as chassé la pulsion de mort de ce champ de bataille autodestructeur, tu m’as insufflé à la place toute la force de ton amour.
« Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie aimée totalement, au plus profond de moi. C’était inouï, inattendu, un éblouissement ; je suis aimée à l’infini malgré mes faiblesses, mes tares, mon indignité. C’est à toi que ma vie appartient de toute éternité et je le découvre enfin. »
- C’était un moment très intense, j’imagine.
- Oui et depuis, je suis libérée et surtout j’ai pris conscience que JE NE SUIS PAS MES ÉTATS D’ÂME. Lorsque j’éprouve un sentiment, surtout s’il est négatif, je le vis comme quelque chose d’extérieur à moi-même venant m’envahir. Je parviens à rester consciente que s’il est venu, il va repartir, je le laisse glisser au lieu de l’examiner, de m’attarder à le comprendre.
« Après cette tourmente, le lien avec mon Bien-Aimé est devenu quasi permanent et me donne un profond sentiment d’union. C’est une expérience bouleversante, plus forte que tout sentiment humain provoqué par un humain. L’AMOUR TOTAL INFINI, ILLIMITÉ, LIBÉRATEUR prend toute la place en moi. Je comprends « AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX », comme aime et fais ce que le Bien-aimé veut.
7. 1. 2. CHANGEMENT DE PERSPECTIVE sur la mort, l’information, le sens de la vie.
… Je désire t'obéir, te servir un peu mieux chaque jour jusqu'à cet instant d'éternité où je te rejoindrai mon Bien-aimé dans l'accomplissement de notre union.
… j'aspire à cette fusion avec le Bien-Aimé qui me comble de délices. Si la mort est le passage pour le rejoindre, elle me sera douce, sans pour autant avoir envie d'en finir avec la vie. La séparation est parfois intolérable, pourtant je m'en réjouis. Chaque jour qui passe me rapproche de lui. Ma vie ne m'appartient plus, elle appartient au Bien-Aimé.
… centrée sur ma propre réalité, je renonce à chercher une hypothétique vérité absolue dans l’aspect extérieur ou parfois virtuel des événements mondiaux. Tout en ne changeant rien à ma vie concrète, ils me confrontent à mon impuissance face aux difficultés du monde. Loin de me permettre d’agir pour y remédier un tant soit peu, ils pèsent sur mon quotidien comme une chape de plomb et diminuent mon efficacité dans ma propre sphère d’influence.
… Ayant vécu ces épisodes de l’intérieur, d’une façon beaucoup plus réelle que mes souvenirs personnels de vrais événements, je ne peux les contester, ils me semblent totalement cohérents dans leur enchaînement. Je me laisse guider, emplir par cette connaissance qui me mène là où il le faut. En dépit des apparences, je me sens soudain pleinement en accord avec ce que je suis devenue, là où je suis, et c’est une véritable grâce au goût de bonheur.
7. 1. 3. AMOUR
… Les troubadours le savaient. Pour eux, la beauté de l’aimé(e) conduisait à la révélation du Joi, de la joie et entraînait l’amant sur le chemin d’une quête paradoxalement solitaire, loin de l’aimé(e). L’objet de cette quête n’était pas tant l’autre, l’être aimé à l’origine de ce cheminement, mais plutôt la connaissance de soi jusqu’à la possession de ce Joi ou joie éprouvée lorsqu’on est enfin soi-même face au Soi ou manifestation de la transcendance divine.
Pour moi, la rencontre avec l’aimé m’a aidée à sortir de mon petit moi enfermé dans les conventions et à partir vers cette autre dimension de l’être, née de l’union de l’homme et du divin. L’aimé tend le miroir où je peux contempler ma véritable image et contempler Dieu. Ce serait faire fausse route que d’aimer le miroir pour lui-même, je ne veux surtout pas m’attacher à une personne réelle. Cependant je prête attention à l’image du miroir de cet être qui a le pouvoir de me conduire vers le point focal divin.
Ma marge de manœuvre sur cette voie est étroite. Si je ne suis pas habitée par l’amour véritable pour l’ami, le frère de mon âme, rien ne pourra le remplacer et je n’aurais même plus accès à l’amour de Dieu. Ce que je suis, ce que je fais, ce que je deviens, ce que je réalise pour les autres dans cette société où je vis, c’est par cet amour.
…« J’apprenais grâce à mes guides à ne plus me reprocher ce que je suis, ce que je fais ou non, sachant que je ne peux évoluer ainsi. Seul un changement de perspective pouvait résoudre les contradictions de ma situation. Si je souffrais d’amour, c’est que je n’aimais pas encore assez. Le véritable amour libère de la souffrance en faisant entrer dans la communion des âmes.
7. 1. 4. Voie du cœur
… inspiré par Le Petit Prince de Saint-Exupéry : seule la voie du cœur comble l’homme, elle lui permet d’obtenir le plus précieux : la cohérence dans toutes les dimensions de sa vie.
… j’étais sur la voie de la compassion, sentiment méconnu, souvent décrié mais capable de voir en l’autre le reflet de l’être dans sa plénitude et donc de l’accueillir dans sa vérité sans rien exiger de lui.
… comme pour confirmer la validité et la réalité des états de conscience que je vis et qui ont été partagés par d’autres humains au cours du temps, j’en ai trouvé des échos bouleversants en cherchant dans divers ouvrages :
Le désir (Éros) sans limite qui conduit jusqu’à la plénitude.
La sensualité dans l’instant présent qui fait éprouver un sentiment de communion cosmique.
La découverte de l’Amour au-delà de l’être aimé qui englobe tous les aspects de la vie jusqu’au fondement primordial, dans une spirale de fabuleuse énergie...
7. 1. 5 Evolution des croyances et références culturelles
… début 99, je me sentais rajeunie, allégée, mieux dans mon corps, ma tête et ma vie : je récupérais un niveau d’énergie et de santé plus satisfaisant. Même si c’était fluctuant lorsque je refusais la situation et ma mission envers lui.
- En tout cas, constate Alicia, tu étais plus en accord avec toi-même.
- J’ai appris à m’accepter, à m’aimer comme je suis, dans mon rythme, mes perceptions, ma logique, mes valeurs différentes. C’était totalement nouveau. Auparavant j’étais plutôt dans la haine de ma propre personne.
- Tu es entrée dans l’amour, ajoute Alicia.
Je souris en marquant un temps, je la regarde attentivement et lui dis :
- L’Amour, oui et j’ai été bouleversée de ressentir dans la réalité la plus intime de mon corps et de mon esprit que l’élan érotique est le fondement de la vie (et non un péché !). L’amour est l’énergie suprême, celle qui nous révèle l’Amour divin si nous nous laissons guider par son dynamisme ascensionnel sans nous égarer dans les haltes proposées à chaque étape par nos plus bas instincts. D’ailleurs pécher signifie en fait « se tromper de cible ».
- Encore un défi ! dit Alicia.
- Sûrement. Le plus difficile est peut-être de ne pas rester bloqué sur nos croyances et références culturelles. Mes guides m’aidaient d’ailleurs activement à dépasser ces barrières et leur action s’apparentait souvent à l’utilisation de dynamite psychique. Si c’était efficace, c’était parfois douloureux. Mais j’ai apprécié d’évoluer sur le plan spirituel d’une façon que je n’aurais jamais pu imaginer. Je bénéficie d’un lien divin personnel sur cette voie d’Amour où la rencontre de Mandro m’a propulsée. J’éprouve dans tout mon être l’Amour primordial qui me fait entrer en communion avec l’univers. Et puis, alors que seule la quantité, le groupe humain en général m’importaient, j’ai découvert la valeur inestimable de l’unique, de l’individuel en chaque être humain !
- Et donc ta propre valeur ? demande Alicia.
- Bien sûr. J’ai aussi pris connaissance de ma propre « mission » et j’ai vu ma vie sous un jour différent. Je n’ai plus besoin de courir après autre chose. J’expérimente ce qui se présente en m’efforçant d’évoluer en fonction.
- C’est une vraie discipline, commente Alicia.
- Pourtant, ma tendance naturelle me poussait plutôt vers l’évasion et la négligence. Vivre le présent, l’ici et maintenant, même dans les tâches ingrates ou contraignantes, les petits plaisirs, la créativité « gratuite », c’est la source de mon évolution et probablement la possibilité éventuelle d’une certaine forme de bonheur indépendant des conditions de vie !
- Beau programme ! approuve Alicia. C’est une façon originale de faire de ta vie une forme d’aventure.
- Je ne sais pas. En tout cas d’une certaine manière, j’aurais choisi ma vie, les expériences destinées à me faire grandir et progresser. Je vis les situations et les événements nécessaires, selon une notion de « karma » au sens évolutif et non punitif. En ce sens, mon expérience de vies antérieures avec Mandro a été profitable, non pour m’y complaire ou m’y réfugier, mais plutôt pour comprendre la continuité du fil de nos vies et les éléments déterminants de notre histoire commune. Pendant cette année décisive, j’ai découvert peu à peu ce qu’il fallait accomplir dans cette vie pour évoluer en fonction du passé…
… au fur et à mesure de ma progression, j’identifiais mes limites, tout ce que je ne peux changer. Je reniais de moins en moins mes élans vitaux, mes émotions, ma sensualité, mes désirs : je les intégrais au plus haut, dans l’Amour absolu. J’acceptais de vivre la réalité de mon état sans dépenser mon énergie à refuser, à nier cette histoire étrange, ce qui me rendait malade ou me coupait des enseignements éventuels liés à mes souffrances. Je découvrais la source du dynamisme de la vie lorsque j’arrivais à en voir le juste niveau, l’aspect global.
… Paradoxalement, cet amour m’a délivré de mes sentiments amoureux envahissants et douloureux envers Fabrice (l’homme « coup de foudre » d’Estelle). Il m’a surtout permis de mieux aimer Georges (mari d’Estelle), mes proches et les gens de mon entourage, comme s’ils étaient reliés à la source d’amour.
… Et puis j’ai appris que je ne suis pas mes états d’âme. Ils passent et sont si inconstants. Il me suffit d’attendre qu’ils s’en aillent, aussi profonds qu’ils paraissent de prime abord ! Je ne suis pas non plus mon rôle (mère, épouse, fille, sœur), ni mon statut professionnel, aussi gratifiant soit-il. J’ai par ailleurs découvert de l’intérieur que je ne suis pas plus mon corps et c’est un soulagement parce que, tu le sais, mes douleurs me confrontent souvent à ses limites contraignantes. Lorsque je souffre, je ressens mon corps comme une prison dont je cognerais les parois trop étroites. J’apprends donc à l’aimer, à le respecter comme un bon outil sans m’attacher à son aspect plus que nécessaire, à son juste entretien.
- C’est inouï de changer à ce point de modèle de pensée, remarqua Alicia.
- Et oui, depuis j’éprouve une vraie libération par rapport aux obsessions de jeunesse permanente, de beauté ou de performance. Ils m’apparaissent comme des pièges dérisoires érigés actuellement en valeurs absolues dans notre société. Ce sont des repères trompeurs qui nous aliènent, le plus souvent sans critique de notre part, encore plus profondément que les anciennes valeurs de famille, travail, patrie dont nous avons voulu nous affranchir !
« Pourtant me déterminer selon ces critères était auparavant une seconde nature pour moi. Bien sûr cela ne se voyait pas parce que de toutes façons, quoi que je puisse faire, ces objectifs m’apparaissaient hors de portée. Cela ne m’empêchait pas de les considérer comme une référence et donc d’en souffrir !
- Ainsi le physique n’était donc plus important pour toi, dit Alicia étonnée avec une pointe d’inquiétude.
- Je ne le néglige pas, dis-je pour la rassurer, je dirai plutôt que j’ai appris à le mettre à sa juste place et surtout le travail de « connaissance de soi » m’apparaît désormais primordial. Même la reconnaissance sociale dont je bénéficiais pourtant fort généreusement ne me dispensait pas de cette discipline incontournable sur le nouveau chemin où j’étais propulsée.
… - Les restrictions et les contraintes sont inhérentes à notre nature. Elles ne limitent pas pour autant notre capacité d’accéder à la sérénité de l’âme. Elles ne signent pas l’imperfection. Elles balisent plutôt la voie pour nous faire progresser sur un autre plan. Nous sommes incroyablement plus importants que nos possessions (corps, biens, connaissances) ou nos actions inscrites dans la réalité matérielle. La connaissance de notre véritable nature n’est plus transmise maintenant. Nous sommes plus séduits par la facilité immédiate et la satisfaction de nos désirs primaires. C’est vrai que reconnaître notre nature et plus encore, l’assumer de façon concrète est un parcours personnel exigeant et difficile. Je n’y parviendrais pas par mes propres capacités sans les directives des maîtres qui me guident sur cette voie et surtout je n’en aurais même pas connu la possibilité.
Je ne juge plus ce que font les autres et de moins en moins ce que je fais pour obéir à la mission. J’apprends à me laisser apprivoiser par le Silence qui pourtant me faisait si peur auparavant. Et si je n’en suis qu’au début, je réussis parfois à entendre clairement le Maître suprême. Éprouvant ma fragilité et l’immensité de sa Grâce, j’apprends à lui laisser place en moi.
Pourtant, rien n’est acquis à jamais. Aussi, pour contrer ma faiblesse, je m’appuie sur la force de mon Bien-aimé et son Amour infini en lui livrant continuellement ma vie. D’instant en instant, je dois renouveler mon acceptation et œuvrer à son service pour progresser sur le chemin qui me mène vers lui.
… Auparavant, tout comme Georges branché en permanence sur les infos, je ne concevais pas de vivre autrement qu’en phase avec les « nouvelles » de la planète. Maintenant, une fois libérée de ce poids, je prends vraiment conscience de son impact sur ma vie. J'apprécie pleinement cette ouverture libératrice qui m’éloigne de mes anciennes utopies de maîtrise de l’information, despote monstrueux du temps et de l’espace déifié par notre société pour assujettir nos vies à des lois déshumanisantes : mondialisation, rentabilité, standardisation, culture de la peur et de l’insécurité, obsession de l’apparence et du corps selon des canons de beauté qui seraient universels, lutte acharnée contre tout signe de vieillissement.